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3 œuvres à ne pas rater au festival Le Printemps de septembre à Toulouse

3 œuvres à ne pas rater au festival Le Printemps de septembre à Toulouse

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Jusqu’au 21 octobre 2018, le festival d’art contemporain Le Printemps de septembre ouvre ses portes à tous les grands rêveurs esthètes en quête d’un printemps éternel.

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Depuis 2016, le festival Le Printemps de septembre − fondé en 1991 à Cahors − a adopté un rythme biennal et a donc lieu tous les deux ans. De la performance à l’installation en passant par la peinture, la sculpture et la photographie, ce festival éclectique investit la ville de Toulouse et ses alentours depuis 2001, pendant environ un mois, avec 68 événements artistiques et expositions dans plus de 35 lieux, dont certains font partie du patrimoine culturel.

Cette année, le programme, construit par la directrice Marie-Thérèse Perrin, le directeur artistique Christian Bertrand et douze commissaires d’exposition, répond à un thème global − “Fracas et frêles bruits” − et s’attache à représenter, comme il se doit, la diversité avec un cycle consacré, entre autres, à des questionnements coloniaux et post-coloniaux, avec la participation d’artistes internationaux.

On trouve aussi de nombreuses expositions avec une approche féministe très assumée comme celle de Béatrice Cussol et ses aquarelles “roses muqueuses” aux Abattoirs et celle de “Nina Childress au musée Paul-Dupuy, où elle déploie son regard sur l’histoire des femmes dans la peinture à partir d’une sélection de 41 œuvres de 1501 à 1925 puisées dans les collections du musée des Augustins auxquelles elle mêle 31 de ses propres peintures”, selon les mots du directeur artistique.

“Le Printemps de septembre a souhaité affecter la ville, ses lieux, ses habitants, en créant un parcours à la fois visuel autant que sonore, vivant, émouvant au sens premier du terme”, explique la directrice. L’humour, les nouvelles technologies, les luttes contemporaines ainsi que les inspirations urbaines et spirituelles font partie des thèmes explorés principalement dans cette édition. Focus sur trois coups de cœur lors de notre visite du festival.

Ici et ailleurs, de Laurent Mareschal

Avant même d’entrer dans la salle des Pèlerins, alors même que la porte est encore fermée, notre odorat est tout de suite happé par une douce odeur d’épices, par des réminiscences d’ailleurs et de voyages. Dans la petite chapelle baroque de l’Hôtel-Dieu, Laurent Mareschal présente une installation circulaire qui l’occupe en son centre. Au sol, un tapis d’épices est étendu. Lorsque l’on pénètre dans cet antre, les parfums qui flottent dans l’atmosphère nous projettent sans détours en Inde, au Moyen-Orient, au bord de la Méditerranée ou sur le continent africain : sumac, curry, paprika, piment, curcuma, café et même charbon.

Encore en train de finaliser son œuvre lors de notre visite, l’artiste français, armé d’une sorte de passoire, apporte les dernières touches à son dégradé progressif, allant du noir au jaune. Les nuances de rouge et d’orange sont également bien maîtrisées, et détonnent avec le lieu, entre passé et présent. À cela, Mareschal ajoute une réflexion politique et évoque l’idée de soif de conquête, propre au système colonial : “N’est-ce pas de ces matières désirables que l’Occident a fait, à travers la colonisation, commerce et richesse, le signe aussi de sa puissance et de sa domination ?” Pour un dépaysement total et une douce synesthésie, courez-y.

Mesure de la lumière, de Sarkis

C’est dans le somptueux couvent des Jacobins que l’installation lumineuse et sonore de Sarkis s’épanouit. Ces hautes colonnes ont immédiatement impressionné l’artiste turc par leur verticalité parfaite et colossale. Entre chacune des sept colonnes, Sarkis a intercalé des néons aux sept couleurs de l’arc-en-ciel.

Du côté des vitraux aux couleurs chaudes, se marient les néons orange, rouge et jaune, et du côté des vitraux aux couleurs froides, sont alignés des néons violet, bleu et vert. La dernière colonne se déploie en palmier, comme une dernière étape avant l’élévation et la transcendance. Ce palmier aux 22 arcs a inspiré Sarkis, qui a imaginé, tout spécialement pour lui, un ultime tube réunissant les sept néons aux couleurs de l’arc-en-ciel, évoquant ainsi la joie, la vie, la diversité, la conciliation ou encore l’ascension.

Parallèles aux colonnes, des cordes à nœuds sont suspendues et respectent méticuleusement l’unité de mesure utilisée pour la construction de l’église, que l’on appelle “la canne de Toulouse”, soit un peu moins de 1,80 mètre. Le titre de l’œuvre, Mesure de la lumière, nous paraît tout de suite plus clair.

“Ici, on a nettoyé le sacré”, exprime Sarkis lors de sa découverte du couvent. En effet, le lieu laisse aujourd’hui une place plus grande à la dimension culturelle que religieuse. L’idée semble être de réhabiliter une atmosphère sacrée : la lumière des vitraux y participe mais c’est surtout là que la musique en fond joue un rôle crucial. Résonnant comme des chants grégoriens, cette bande sonore a été composée par le musicien Jacopo Baboni Schilingi qui a mélangé des “bruits du dehors, bruits ordinaires de la vie commune, bruits des épisodes météorologiques, bruits du temps qui passe, toute une rumeur du monde extérieur”. À ne pas manquer si vous voulez vous reconnecter avec votre moi spirituel.

A Visibility Matrix, de Gerard Byrne et Sven Anderson