“Quand je dis que je suis le meilleur, je suis le meilleur” : on a discuté avec Cédric Doumbé avant ses débuts à la PFL

“Quand je dis que je suis le meilleur, je suis le meilleur” : on a discuté avec Cédric Doumbé avant ses débuts à la PFL

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Par Abdallah Soidri

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À quelques jours de ses débuts à la PFL contre Jordan Zebo (30 septembre), on a rencontré un Cédric Doumbé plus confiant que jamais et qui défend son "choix de carrière".

En mai dernier, Cédric Doumbé a annoncé, à la surprise générale et contre l’avis de ses fans, sa décision de signer à la PFL, une ligue de MMA concurrente de la prestigieuse et très connue UFC. Le 30 septembre prochain à Paris, le combattant fera ses grands débuts dans l’organisation américaine face à un autre Français, Jordan Zebo. Avant ce combat qu’il se voit déjà gagner — “Je suis trop bien entraîné pour qu’il survive” —, on a retrouvé le champion de kickboxing dans sa salle d’entraînement.

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Avec son sens de la formule, tout en provocation et en assurance, Cédric “The Best” Doumbé n’élude aucun sujet et assume tout : son choix de la PFL, son combat face à Jordan Zebo, son goût prononcé pour le trash-talking ou encore la notion de défaite qu’il abhorre. Entretien.

Konbini | Comment te sens-tu à l’approche de ton premier combat à la PFL ?

Cédric Doumbé | Ce n’est pas nouveau pour moi de combattre dans une grosse organisation et d’être le main event. L’adversaire que j’affronte n’est pas un adversaire de renom comme ceux que j’ai envie de combattre et que je prétends battre. Bien sûr, il y a de la pression, car je suis à la maison, que j’ai beaucoup parlé et que la France m’attend au tournant, mais je me sens bien, j’ai l’habitude.

Comment gères-tu la pression qui va avec le fait de combattre à Paris, devant ton public ?

J’aime cette pression. J’aime quand l’attention est sur moi et qu’on m’attend au tournant. Je sais que je vais performer et régaler les gens. Il y a ceux qui y croient, ceux qui doutent et les sceptiques, et les trois vont me regarder.

Qu’as-tu à dire à ceux qui doutent et aux sceptiques ?

À ceux qui doutent, mais de manière bienveillante, j’ai envie de leur dire de ne jamais douter de Cédric Doumbé. C’est une perte de temps et du stress pour rien [rires]. Ceux qui doutent et sont malveillants, qui disent que je vais me faire éteindre, j’ai envie de leur dire d’attendre le jour J. Ils verront bien et ensuite ils deviendront fans.

“Si on me dit d’affronter le champion, je l’affronte”

Peux-tu nous parler de ton adversaire, Jordan Zebo, de son style et comment tu te prépares pour ce combat ?

Il est pas mal, mais je pense qu’il n’est pas à mon niveau, même en MMA. Certes, c’est un sport nouveau pour moi, certes, on a le même palmarès (4-0), mais il n’est pas de mon calibre. Je le dis, c’est ce que je pense. Sur le papier, on a le même niveau, mais en réalité, je suis largement au-dessus de lui.

J’ai un gros respect pour lui parce qu’il a accepté de m’affronter. Mais en même temps, le fait qu’il ait accepté de me combattre, c’est un gros manque de respect de sa part, car il pense pouvoir me battre. Il n’a rien à faire dans la cage avec moi.

Il a tout de même des facultés, en termes de lutte notamment. En striking, il ne peut pas rivaliser avec moi, qui suis un champion de striking. Mais c’est vrai qu’en termes de lutte, il a des aptitudes. On l’a vu sur ses précédents combats soulever des adversaires pour les mettre au sol très facilement. Mais ce n’était pas Cédric Doumbé en face.

Comment se passe ta préparation ?

Il faut savoir que je ne prépare même pas Jordan Zebo, mais les champions de la catégorie comme Sadibou Sy, l’actuel champion, ou Magomed Umalatov, qui le deviendra, je pense. C’est eux, des mecs très forts, que je prépare, pas Zebo. Je fais un vrai un travail de fond, j’ai une vision à long terme. C’est pour ça, quand j’arriverai devant Jordan [Zebo], ce sera facile, parce que je m’entraîne pour plus fort que lui.

À l’entraînement, je m’inflige les pires châtiments. Je fais même des mises de gants avec des bons boxeurs pour faire monter le cœur et arriver à gérer toutes les situations qui pourraient survenir le jour du combat. Mon entraîneur, Boris Jonstomp, me drive de manière exemplaire dans un sport qui est nouveau pour moi. J’écoute tout ce qu’il me dit, et avec une personne comme lui pour m’entraîner, je ne peux qu’avoir confiance.

Dans ta préparation pour affronter les meilleurs, où en es-tu ? Tu es déjà prêt ?

Demain, si on me dit d’affronter le champion, je l’affronte. Mais si je peux choisir la date, je vais évidemment prendre du temps pour m’entraîner. Je suis un perfectionniste, je veux être au top du top. J’ai envie de gérer toutes les phases où je me trouverai. Il faut que je sois dans une configuration où, quelle que soit la position dans laquelle je me trouve, je peux gérer.

“L’UFC ne traite pas ses combattants à leur juste valeur”

Ton choix d’intégrer la PFL au détriment de l’UFC a beaucoup fait parler. Peux-tu nous en dire plus sur tes motivations ?

C’est un choix de carrière. Le public veut l’UFC parce que la plupart des gros champions y sont. Mais l’UFC ne paie pas ses combattants et ne les traite pas à leur juste valeur. Je n’ai plus rien à prouver, je ne suis pas un débutant — en MMA, oui, mais pas en tant qu’athlète — pour aller à l’UFC et prendre des petites sommes et prouver que je mérite plus.

La PFL m’offre déjà des grosses sommes, car ils ont conscience de l’athlète que je suis — tout le monde ne touche pas le montant de ma prime — et aussi parce qu’ils veulent prouver que c’est l’organisation du futur. On le voit aujourd’hui avec des grosses signatures comme Francis Ngannou ou des nouveaux comme Abdoul Abdouraguimov. Et ça va suivre derrière.

Dans le milieu du foot, cet été, on a vu beaucoup de joueurs quitter le prestige de l’Europe pour l’Arabie saoudite et ses contrats juteux, chose que le public a eu du mal à comprendre. Dans ton choix de combattre en PFL plutôt qu’en UFC, on a l’impression qu’il y a une sorte de parallèle, avec les fans qui voulaient te voir ailleurs.

J’ai déjà prouvé et fait kiffer. Maintenant, je suis dans un nouveau sport, et le public veut que j’aille quelque part pour me voir performer contre les meilleurs. Oui, mais c’est un choix de carrière et je ne combats plus pour le public, je combats pour moi et pour mon avenir. Le public ne peut pas être égoïste. Et moi, je ne suis pas égoïste, je suis visionnaire. Je ne vais pas en Arabie saoudite, où le niveau est moindre et où il n’y a personne. Là, je vais au PFL, qui rachète le Bellator [une autre ligue de MMA, ndlr] et intègre des combattants d’UFC. C’est l’avenir.

Quand tu t’exprimes en interview ou dans tes vidéos, tu affiches une certaine confiance. D’où cela te vient-il ?

Déjà, je suis Camerounais, ça m’aide, et je n’ai jamais croisé de Camerounais humble [rires]. C’est vrai que j’ai beaucoup de confiance en moi, mais il ne faut pas que ça se transforme en excès de confiance. Donc je garde les pieds sur terre, car je connais ma valeur. Je ne vais pas raconter des choses fausses. Quand je dis que je suis le meilleur, je suis le meilleur. Si je dis que je bats untel, je le bats, et je le prouve par la suite.

Ce n’est pas de l’excès de confiance, c’est de la confiance en soi. Les gens ont peur de l’exprimer ou ne le font pas, mais je pars du principe que dans le sport que je pratique, je dois l’exprimer, le montrer et m’autoconvaincre que je suis le meilleur pour ensuite le prouver et l’appliquer. C’est la force de la pensée.

“C’est horrible ce qui se passe après une défaite”

Tu as toujours été comme ça ?

Au début, c’était de la vantardise, puis ça s’est transformé en de la confiance en soi. Ça vient du travail que je fournis. Je m’entraîne très dur pour pouvoir arriver aux combats. J’ai une conversation entre moi et moi-même dans laquelle je me dis : “Tu as fait tout ce que tu avais à faire, tu ne peux pas perdre, c’est impossible”.

En parlant de perdre, comment vis-tu avec la notion de défaite ? C’est quelque chose auquel tu penses, tu te dis que ça va arriver ?

Ça m’arrive d’y penser. Surtout quand je traîne sur Twitter [X, désormais, ndlr] [rires]. J’en souris, mais ça me stresse au point que le soir même je me donne à fond à l’entraînement. Il ne faut pas que ça arrive. C’est un sentiment… [il souffle]. C’est horrible ce qui se passe le mois après une défaite. C’est une période durant laquelle tu es triste, tu n’as plus envie d’exister et tu veux fuguer dans un autre pays. C’est bien de connaître la défaite, soi-même ou à travers les autres, pour savoir ce que c’est et tout faire pour ne pas y arriver.

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“Le trash-talk, c’est mon ADN”

Et que fais-tu quand tu perds ?

Il y a deux cas de figure : tu t’es entraîné dur, tu as perdu, donc il a été meilleur que toi. La seule chose à faire est de retourner à l’entraînement et de tout faire pour pouvoir le battre. L’autre cas, c’est quand tu perds à cause de manquements dans ta préparation, et là, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Et là aussi, la première chose à faire est de retourner à l’entraînement et de prendre les choses au sérieux.

Dans le sport en général, et particulièrement dans les sports de combat, même les plus grands combattants ont perdu à un moment. Ça n’invite pas à relativiser la défaite ?

Non, la défaite est très grave. Celui qui dit le contraire s’en fiche et n’a rien à faire dans la cage ou sur le ring. Il doit aller faire du foot ou un autre sport collectif. Les combattants sont les gladiateurs des temps modernes. Un gladiateur ne dit jamais que la défaite n’est pas grave, parce que c’est synonyme de mort. Il faut assimiler la défaite à la mort, car personne ne veut mourir — dans ces conditions, en tout cas. Donc c’est très grave de perdre. On s’entraîne dur pour éviter cela. Si ce n’était pas grave, pourquoi on s’entraînerait autant ?

Tu es un grand adepte du trash-talking et du divertissement sur les réseaux sociaux. Tu as toujours eu cette personnalité, à la fois boute-en-train et dans la provocation ?

C’est ma personnalité. J’ai commencé par le théâtre, ensuite j’ai fait du stand-up. J’ai toujours voulu être comédien, être devant la caméra, interagir avec le public et faire rire. Même dans ma famille, je suis celui qui fait des blagues. Et quand j’ai commencé le sport, j’ai gardé ce côté-là. Le trash-talk est venu naturellement parce que c’est le seul moyen de faire rire les gens. Leurs réactions me faisaient aussi rire, et donc j’ai gardé ça. Ce côté trash-talk, c’est mon ADN. Je ne pourrais pas combattre sans, ce n’est pas moi.

Comment décrirais-tu Cédric Doumbé l’homme et Cédric Doumbé le combattant ?

Cédric Doumbé l’homme essaie d’être un bon musulman au quotidien, de s’améliorer pour atteindre le top et se bat pour atteindre une belle fin. Cédric Doumbé le combattant se bat pour prouver au monde entier qu’il est le meilleur.