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À travers ses photos brodées, Joana Choumali panse les blessures de l’après-attentat de Grand-Bassam

À travers ses photos brodées, Joana Choumali panse les blessures de l’après-attentat de Grand-Bassam

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© Joana Choumali

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Par Konbini

Publié le

Derrière l’apparence légère et colorée de ses photos brodées, les images de Joana Choumali nous parlent de la reconstruction d’un pays au lendemain d’une attaque terroriste.

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Après avoir étudié les arts graphiques et avoir travaillé comme directrice artistique dans une agence de publicité, l’Ivoirienne Joana Choumali a décidé de se lancer à plein temps dans la photographie. Ses images naviguent entre portraits conceptuels, art et photo documentaire. Pour l’artiste, la photographie est un moyen d’explorer sa propre identité. Elle réalise alors de nombreuses séries introspectives et s’intéresse énormément au continent africain.

Pour sa série photo Ça va aller, la photographe a décidé d’aborder un sujet d’actualité particulièrement délicat : l’attentat de Grand-Bassam qui a eu lieu en Côte d’Ivoire en 2016. Dans une interview livrée à RFI, elle explique qu’elle était à l’étranger durant l’attaque terroriste. Seulement trois semaines après, elle est retournée sur les lieux et s’est interrogée sur la manière de surmonter le traumatisme d’un attentat. L’artiste raconte :

“J’ai fait le tour de la ville plusieurs fois et j’ai fait des photos avec mon iPhone. Ensuite, quand je suis rentrée à la maison, j’ai vu que toutes les photos parlaient de la même chose, de mon état d’esprit. Mais, je me sentais aussi connectée aux personnes qui figurent sur les photos. Il y avait une certaine mélancolie, une énergie que je ne reconnaissais pas dans cette ville. Et j’ai commencé à broder, parce que j’avais des problèmes de santé qui ne me permettaient pas de vraiment disposer de mon corps comme je le souhaitais. J’ai commencé donc à broder depuis ma maison et je n’ai pas arrêté.”

“Le temps qu’il faut pour guérir”

Pour Joana Choumali, mêler broderie et photographie n’est pas seulement un choix esthétique, mais une manière de nous questionner sur la temporalité.

“La photo, surtout la photo avec un portable, ne demande pas beaucoup de technique. C’est un instantané. Mais le contraste entre l’immédiateté de la photo et le temps qu’il faut pour pouvoir broder sur une photo, c’est ce qui m’a intéressé. C’est aussi le rapport avec le côté subit de cette attaque qui n’est jamais préparée, qu’on ne voit pas venir. Et ensuite, le temps qu’il faut pour pouvoir en guérir, pour pouvoir passer à un état plus serein en fait.”

Si le sujet est lourd, le titre de sa série, Ça va aller, est quant à lui plein d’espoir. Un choix important pour l’artiste qui raconte que l’expression est utilisée à la fin de chaque conversation en Côte d’Ivoire pour se donner du courage. Une série passionnante, aussi bien sur le fond, que sur la forme, à découvrir.

Vous pouvez retrouver le travail de Joana Choumali sur son site personnel et son compte Instagram.