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De la street au feed : Pierre Merriaux, l’artiste qui dessine sur les encombrants de Paris

De la street au feed : Pierre Merriaux, l’artiste qui dessine sur les encombrants de Paris

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© Pierre Merriaux

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Par Konbini

Publié le

Si vous regardez les rues parisiennes, vous tomberez sûrement sur l’une de ses œuvres.

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Que ce soit sur la rue ou sur les réseaux sociaux, vous avez peut-être déjà rencontré les motifs de Pierre Merriaux puisque l’artiste les décline sur tout support : murs, papier, miroirs, rue et même encombrants. En effet, si le travail de Pierre Merriaux nous a tapé dans l’œil, c’est tout simplement parce que ce dernier dessine sur des objets qu’il trouve dans la rue et décide de laisser une fois son œuvre terminée. Certaines de ses créations sont donc ramassées par des inconnus — il partage souvent ses créations sur Instagram — d’autres termineront à la poubelle. Un rapport atypique à l’œuvre, qui nous a interpellés. Nous lui avons donc posé quelques questions pour savoir qui se cache derrière ces motifs pop. Vous n’allez plus regarder les encombrants de la même façon.

Cheese | Peux-tu te présenter ?

Je suis Pierre Merriaux, artiste contemporain et street artist parisien. Je travaille particulièrement le motif mais je commence à faire un peu de figuratif. Dans la rue, je récupère des planches ou toute autre sorte d’objets des encombrants sur lesquels je dessine et que je laisse ensuite sur place. C’est ma façon de me réapproprier l’espace public pour en faire une sorte de galerie à ciel ouvert.

Je travaille aussi directement sur les murs, en faisant du graffiti : je dessine des visages, des formes biologiques, souvent très colorés. Mais je travaille aussi en intérieur, sur toile, papier, ou sur des objets, dans ce cas je fais preuve de plus de minutie, notamment par le dotwork (pointillisme) et la couleur.

Comment as-tu commencé à créer ? Quel est ton parcours ?

En fait, j’ai toujours créé plein de trucs, j’étais le genre de gosse à rigoler tout seul en m’inventant des histoires et j’ai commencé le dessin et la sculpture sur pierre très tôt, dès que j’ai pu tenir un maillet et des ciseaux en fait. J’ai ensuite fait du graffiti avec des potes au collège et au lycée, mais j’ai vite arrêté en les voyant tous avoir de grosses amendes.

Finalement, c’est en 2016, pendant une grosse dépression, alors que je ne sortais plus du tout de chez moi que j’ai commencé à aller dessiner dehors sur les encombrants. Et maintenant je fais un peu de tout. À la base, j’ai une formation de biologiste, je n’ai absolument aucune formation en arts, ou en design. Mais par le graffiti en fait, je suis revenue au dessin.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de t’exprimer dans la rue ?

Venant du graffiti, m’exprimer dans la rue était assez naturel et j’estime que le citoyen peut et doit se réapproprier l’espace public, puisqu’il est à lui. Donc disons que c’est ma manière de revendiquer mon bout de rue.

Si j’ai commencé par faire les encombrants, pour être honnête, c’est tout simplement que j’avais très peur de me faire attraper par la police. Mais au fur et à mesure, c’est vraiment devenu quelque chose qui me plaît, c’est une manière de décorer des tas d’ordures, qui en plus sont la plupart du temps de vrais trésors.

Quelles sont tes inspirations ?

Je suis très inspiré par la scène graffiti des années 1990. D’ailleurs, je suis même inspiré par les années 1990 tout court en fait, que ce soit les dessins animés, la BD, les jeux vidéo.

Tu es très présent sur les réseaux, penses-tu que le street art est aujourd’hui autant en ligne que dans la rue ?

Alors je publie beaucoup sur les réseaux sociaux, mais plus pour entretenir une communauté, que j’adore, parce qu’on peut parler de tout, mais aussi pour me faire un CV. Pour moi, le street art doit appartenir à la rue, après, je n’en dirai pas plus mais je fais en ce moment des petits tests pour voir si un profil Instagram peut finalement devenir une œuvre d’art.

Est-ce que tu souhaites faire passer un message en particulier à travers tes œuvres ?

Je ne travaille pas du tout sur la transmission, je dessine de manière très égoïste en fait, c’est cathartique pour moi et complètement nécessaire. Donc non, pas de message, à part le fait que la rue nous appartient.

Quels sont tes projets pour la suite ?

Pour la suite, il y a pas mal de trucs, une expo sur l’interactivité ou l’acheteur serait également l’artiste, des partenariats avec pas mal de marques émergentes comme ME.LAND, et du travail ! Beaucoup de travail.

Vous pouvez suivre le travail de Pierre Merriaux sur son compte Instagram.