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Dans une Casablanca déserte, Youssef Lahrichi raconte son premier contact avec la métropole

Dans une Casablanca déserte, Youssef Lahrichi raconte son premier contact avec la métropole

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Par Youssef Roudaby

Publié le

En documentant les rues de Casablanca, qui deviennent désertes au moment de la rupture du jeûne pendant le mois de ramadan, le photographe Youssef Lahrichi s’est immiscé dans le paysage urbain pour raconter son rapport à la métropole marocaine.

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Des voies désertes au moment du coucher du soleil, des avenues sans le moindre piéton ou voiture qui circule, c’est ce à quoi ressemble Casablanca (et les autres villes marocaines) au moment de la rupture du jeûne pendant le mois de ramadan, les habitants ayant pour habitude de se réunir autour d’un repas chez eux.

Le photographe Youssef Lahrichi en a profité pour réaliser une série de onze photos où il raconte la nouvelle vie qu’il mène dans sa ville d’adoption, tout en témoignant de ce moment où le temps s’arrête. L’occasion d’apprécier une Casablanca sereine et silencieuse, loin de ses embouteillages et de la cacophonie des klaxons.

La place des Nations Unies, l’avenue Zerkoutni ou encore le quartier Belvédère sont habituellement des lieux où la circulation est très dense. Mais au moment de la rupture du jeûne, le silence règne et inspire le jeune artiste. “J’avais déjà pris des photos de Casablanca vide pendant le ramadan, cela m’a permis de réaliser que c’est un bel environnement pour raconter une histoire personnelle”, nous dit Youssef Lahrichi. De là est né le projet Rêveries urbaines.

Natif de Fès, le photographe de 31 ans a dû déménager à Casablanca à la recherche d’opportunités professionnelles. Il a donc conceptualisé en photos ses premiers mois passés dans la métropole, entre égarement, recherche d’emploi et d’appartement et construction de nouveaux repères :

“Chaque photo raconte une étape de mon arrivée. Le Débarquement, où je traîne ma valise, matérialise mon arrivée à Casablanca. La photo où je suis en cravate sur le boulevard Hassan II symbolise ma recherche d’emploi. Dans Le Toit, où je dors à même le sol sur la place des Nations Unies, je raconte ma galère pour trouver un appartement.”

Discrètement, Youssef Lahrichi imagine des scènes symbolisant différentes étapes de sa vie, tout en immortalisant les quartiers mythiques de la ville. Du vide environnant se dégage une poésie urbaine, mais surtout son égarement dans une cité qu’il connaît encore peu. C’était aussi l’occasion pour le photographe d’évoquer la “magie du ramadan” qui unit tout le monde au moment de rompre le jeûne :

“C’est un moment magique. D’abord parce que la ville est vide, mais surtout parce que l’on sait que derrière cette vacuité, toutes les familles sont réunies autour d’un repas. C’est un moment de la journée qui rassemble tout le monde, pauvres et riches. C’est un vide énorme qui traduit un moment de communion dans les foyers.”

C’est aussi à travers la série Rêveries urbaines que le photographe dit avoir apprivoisé son nouveau lieu de vie. S’il a eu du mal dans un premier temps, Casablanca est devenue par la suite sa source d’inspiration : “Lorsque j’ai pris ces photos, j’ai développé un regard plus intime sur Casablanca. Avant, je ne levais pas les yeux pour voir les bâtiments. La photo m’a permis de découvrir l’architecture de la ville autrement.”