Des détournements d’affiches de campagne présidentielle pour se réapproprier le débat politique

Des détournements d’affiches de campagne présidentielle pour se réapproprier le débat politique

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Par Lisa Miquet

Publié le

Après avoir remarqué qu’un certain nombre d’affiches de candidats à la présidentielle avaient été vandalisées, le photographe David Malacrida a décidé d’immortaliser ces œuvres éphémères. 

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Se déplaçant souvent à vélo et s’intéressant de près à la politique, le photographe annécien David Malacrida s’est une fois de plus arrêté devant des panneaux d’affichage de la campagne présidentielle. Vandalisées, déchirées et détournées, les affiches avaient un aspect bien moins conventionnel que prévu, ce qui a attiré l’œil du photographe qui a décidé de les immortaliser et de les partager sur sa page Facebook :

“Une semaine avant le premier tour des présidentielles, j’ai remarqué que les espaces d’affichage étaient largement vandalisés, sûrement par un groupe, vu le mode opératoire. Si je ne suis pas fan de la méthode, je vois dans cet acte une idée intéressante. Le fait que ces panneaux d’affichage soient un espace d’expression pour les citoyens et non pas pour les candidats. Ne devrait-il pas en être de même pour la politique ?”

Le photographe nous explique qu’il a dans un premier temps été inspiré par l’aspect visuel de ces détériorations :

“J’ai trouvé que certains détournements d’affiche étaient très bien faits, notamment sur Fillon. Certaines affiches étaient vraiment déchirées à la va-vite, mais ça devenait presque une autre affiche : il y avait quelque chose de très graphique là-dedans. Certes ils les détruisent, mais en même temps ils font vraiment preuve d’imagination, de créativité pour faire passer un message. Ça montre qu’aujourd’hui il y a un besoin de la part des citoyens de s’exprimer et de faire partie du débat politique.”

Des espaces d’expression pour les citoyens

Amusé par les nombreux détournements, particulièrement celui visant l’affiche de campagne de François Fillon qui transforme “une volonté pour la France” en “un vol pour la France”, David Malacrida voit en ces dégradations une manière de se réapproprier l’espace public, mais aussi la parole politique :

“À la base ces panneaux d’affichage servent aux candidats pour qu’ils puissent exposer leur visage et leur slogan. Ici, en quelque sorte, les gens se sont réapproprié cet espace, ils ont modifié les affiches, ajouté des messages, ils ont pu donner leur opinion. Quelque part, ils donnent une réponse directe au politique. La façon de faire n’est peut-être pas la meilleure, c’est vrai, on peut se dire que vandaliser est un acte anti-citoyen puisque ça empêche certaines personnes de voir les affiches. Mais en même temps, après plus d’un an et demi de campagne pour certains, je pense que les gens connaissent les candidats à la présidentielle. Ils n’ont pas vraiment besoin de ces affiches”.

Conscient que ces dégradations ont été réalisées par une minorité qui ne représente pas forcément toute l’opinion publique, le photographe remarque tout de même que cette pratique est relativement répandue :

“Je pense que c’est un seul groupe de militants qui a fait ça sur pas mal d’affiches, ça ne représente pas la population en entier, mais ça reste intéressant, car c’est phénomène qui existe aussi un peu partout en France.”