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Explorez la sous-culture secrète et rock’n’roll du gang Roller-zoku de Tokyo

Explorez la sous-culture secrète et rock’n’roll du gang Roller-zoku de Tokyo

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Par Kimberly B. Johnson

Publié le

Bananes gominées surdimensionnées, pantalons en cuir et chaînes en argent : un photographe américain tire le portrait de la culture rock japonaise.

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En 2013, le photographe new-yorkais Denny Renshaw s’est lancé dans l’exploration de la population japonaise, avec pour objectif de rassembler des images qui mettent en lumière les sous-cultures de Tokyo. S’il s’est intéressé à différentes cliques, c’est le caractère insaisissable de la bande des Roller-zoku, le pendant japonais des fans du rockabilly, qui l’a le plus intrigué.

Parmi toutes les sous-cultures du Japon, dont les lolitas, les ganguros, les Bōsōzokus, etc., celle des Roller-zoku fait partie des plus mystérieuses et des moins bien documentées. Caractérisés par leurs looks de rockeurs américains, de fans de rockabilly tout droit sortis du film Grease, les Roller-zoku se rassemblent pour célébrer leur amour du rock qui tape et la mode qui lui est associée.

Quand le rock’n’roll et le rockabilly sont apparus au Japon voilà plusieurs décennies, les labels de musique japonais ne les ont pas différenciés. De ce fait, la culture des Roller-zoku s’est basée sur un mélange des genres qui a abouti à une combinaison bien loin des styles définis par des codes stricts chez les rockeurs et les amateurs de rockabilly dans la culture occidentale.

Reconnaissables à leurs tenues en jean et en cuir, leurs chaînes, leurs tatouages et leurs bananes gominées, les Roller-zoku sont partis des origines du rockabilly dans les années 1950-1960 avant d’évoluer au gré des différents mouvements plus contemporains du rock’n’roll. Ce gang forme désormais un réseau dans plusieurs quartiers de Tokyo depuis plus de 20 ans et se rassemble dans le parc Yoyogi, à Tokyo, tous les dimanches.

Une leçon de foi et d’optimisme

Le photographe Denny Renshaw n’est pas le premier a s’être intéressé à ce groupe qui a également été filmé par Peter Bjorn pour le clip de son titre “Nothing to Worry About” en 2009. Dans la vidéo, on découvre en quoi consistent leurs rassemblements au parc Yoyogi où ils répètent des chorégraphies.

Pour Denny Renshaw, entrer en contact avec ce groupe, qui tient tant à sa discrétion, a été une vraie leçon de foi et d’optimisme. Il raconte à Cheese :

“Je me suis rendu à Tokyo avec l’espoir que quelque chose se produise. Je suis allé physiquement à tous les endroits où je pensais pouvoir les trouver pour me présenter : les parcs, les magasins de musique, les salles de spectacles et les bars.

Le Japon a vécu la popularité des premiers styles du rock’n’roll au même titre que le reste du monde à l’époque, mais c’est un revival de la fin des années 1970 qui a donné lieu à la mode associée aujourd’hui avec les Roller-zoku.

Contrairement à d’autres gangs qui se distinguent par leurs styles vestimentaires, toutes les générations se mélangent au sein des Greasers. Un autre aspect intéressant de ce groupe est sa prédilection pour la danse, qu’on peut les voir pratiquer dans les parcs de Tokyo le week-end.”

Comme les premiers temps du hip-hop resteront toujours associés au breakdance, les Roller-zoku ont leur propre style de danse qui mélange des mouvements classiques du rock’n’roll avec d’autres styles de pas, des acrobaties, le tout avec une bonne dose de théâtralité.

Les Roller-zoku n’ayant ni site Internet ni porte-parole pour représenter leur sous-culture, Denny Renshaw a dû traquer des membres du mouvement un à un au fil de ses pérégrinations. En 2013 et en 2015, il a écumé les parcs, les soirées, les bars et les salles de concerts, toujours muni d’un studio photo portable, et prêt à photographier ses sujets.

Ces portraits en noir et blanc de personnages pour le moins hauts en couleur capturent l’essence insaisissable de l’attitude et de l’excentricité de ce gang.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet