AccueilPop culture

En images : Iretge, le projet qui nous aide à renouer avec notre côté sauvage

En images : Iretge, le projet qui nous aide à renouer avec notre côté sauvage

avatar

Par Lisa Miquet

Publié le

Quand trois artistes partent à la recherche de “l’homme sauvage”.

À voir aussi sur Konbini

Iretge, c’est l’histoire d’une bande de potes qui a décidé de partir sur les routes pour créer, explorer, découvrir la France et se découvrir eux-mêmes. Le groupe est composé de trois artistes, Brokovich, Adec et Arkane, accompagnés de Maxime Ramoul, photographe chargé de documenter le périple, et de Ben Bello, pilote officiel de l’aventure. Si d’apparence ce voyage pourrait ressembler à n’importe quel road trip entre copains, ce qui différencie l’expérience Iretge, c’est que l’équipe a décidé de faire entrer ce projet dans une véritable démarche artistique.

Dans une société où nous sommes tous les jours connectés, sociabilisés, acculturés, que reste-t-il de notre côté sauvage ? Tous ensemble, ils ont mené une réflexion à ce sujet, en choisissant tout d’abord de se rapprocher eux-mêmes de la nature en évitant les villes, en créant chaque jour – peintures, installations, performances –, mais aussi en partant à la rencontre de personnes aux parcours de vie atypiques. Ben Bello nous raconte :

“Au départ, l’idée était d’aller à la rencontre de tous ces gens qu’on dit ‘alternatifs’, engagés ou simplement passionnés, mais qui ont pour point commun l’envie de faire bien les choses, de ne pas subir un modèle de société déshumanisée. En gros, je voulais que ce projet ait un sens. […] L’idée de l’homme sauvage s’est ainsi déplacée naturellement sur les hommes et les femmes libres qui s’écoutent, qui suivent leur cœur et vivent certainement en marge de ce qui est l’usage.”

Pas de péage mais des anecdotes à chaque virage

En pleine réflexion sur le sujet, Adec découvre le mot “iretge” en lisant un article sur une légende venue d’Ariège qui parle d’un homme sauvage. Intéressé par cette histoire d’homme des bois, Ben commence à faire des recherches et découvre que le mot “iretge” signifie “hérétique” en occitan. Le nom de l’épopée était trouvé :

“Hérétique, ça me parle quand on l’entend comme celui qui vit en marge, qui refuse l’ordre établi. Ça collait parfaitement ! Restait à convaincre Brokovich de bien l’écrire : ‘iretre’, ‘arpège’, ‘irtege’ ? Il lui a fallu trois jours, mais après avoir peint avec les mains dans une grotte, il était enfin convaincu. [Rires]

Tels des hérétiques, notre groupe d’artistes a donc décidé de faire corps avec le territoire et de créer de manière compulsive. Tout au long de leur itinéraire, du Vercors aux Corbières en passant par l’Ardèche et les Cévennes, les artistes ont laissé libre cours à leur créativité. Ils ont peint dans les endroits les plus improbables, chaque jour, chaque nuit : de manière rupestre dans une gorge cachée, façon installation dans un asile abandonné, en performance tribale dans la forêt ardéchoise, avec de la craie liquide sur un champ de bosse de BMX, en collaboration à trois sur un spot de skate, ou encore sur des blocs secrets au bord de la mer.

“Des hérétiques mais surtout des authentiques”

Pour documenter cette longue performance, garder une trace de ces nombreuses œuvres produites, le photographe Maxime Ramoul s’est emparé de son appareil argentique. Une évidence, tant son travail faisait écho à l’œuvre des artistes. Ben Bello explique :

“On voulait tous qu’il y ait un bel objet à la fin. D’où la présence de Maxime Ramoul pour les photos en noir et blanc. Noir et blanc, un choix pas évident quand on ne part qu’avec des bombes de couleur. L’idée était, par ce paradoxe, d’axer le livre sur le processus de création, sur l’expérience en tant que telle plutôt que sur le résultat des œuvres. […] Maxime développe lui-même ses tirages, ce qui correspond bien à l’idée initiale du trip. Mettre en avant l’artisanat, les métiers nobles, la défense du vivant.”

Il en résulte un livre hybride qui mêle photos argentiques, œuvres originales, illustrations et assemblages d’objets récupérés durant le voyage. Au-delà des images, l’ouvrage est rythmé par des extraits de conversations, des interludes poétiques et surtout une réflexion sur l’humain, car c’est ce qui a marqué notre bande de vagabonds :

“Qu’ils soient perdus, accros, alcooliques, bergers, pêcheurs, vignerons, gitans, punks, marocains, en camion, en cabane, en canoë, les gens qu’on a rencontrés n’étaient qu’amour, générosité, partage. Des hérétiques, mais surtout des authentiques. Ils ne trichaient pas, ils étaient ce qu’ils étaient, menant leur vie comme ils le voulaient, mais dans le respect de toutes choses. Et au final, on s’est dit qu’il n’y avait pas besoin d’aller bien loin pour trouver cette beauté. Si on regarde bien, si on s’ouvre à elle, elle apparaît partout et peut-être bien même au fond de chacun de nous.”

Vous n’aurez jamais eu autant envie de laisser libre cours à votre part de sauvagerie. Un périple passionnant à découvrir en images.

Vous pouvez soutenir le projet Iretge sur Ulule ou suivre le compte Instagram du voyage.

EnregistrerEnregistrer