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Le travail de Louis Faurer exposé à la fondation Henri Cartier-Bresson

Le travail de Louis Faurer exposé à la fondation Henri Cartier-Bresson

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Par Lisa Miquet

Publié le

“J’ai le désir intense d’enregistrer la vie comme je la vois, comme je la sens. Tant que je serai stupéfait par cet étonnement, tant que je sentirai que tous les événements, messages, expressions, mouvements tiennent tous du miracle, je me sentirai rempli de certitudes pour continuer.”

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Un début de carrière en tant que dessinateur

Artiste complet, Louis Faurer a d’abord entamé sa carrière en tant que dessinateur. Repéré à l’âge de 13 ans par les studios Disney, avec lesquels il n’a finalement pas collaboré, il a vécu de son trait en réalisant de nombreuses affiches publicitaires et en dessinant des caricatures sur les plages d’Atlantic City. Dans un ouvrage publié à l’occasion d’une exposition en 1981 à l’université du Maryland, il revient sur ses débuts :

“Ma première expérience artistique date de l’école ; j’étais à la Benjamin Rush Public School à Philadelphie, en Pennsylvanie. Mlle Duncan, qui semblait flotter au-dessus d’un parfum de pétales de rose, nous avait demandé d’écrire des chiffres au crayon sur une feuille de papier. Elle a été choquée en découvrant que j’avais dessiné une locomotive. J’ai eu une autre surprise à l’âge de 13 ans, arrivée par la poste cette fois. J’avais envoyé des dessins à Walt Disney, qui avait accepté ma candidature – sans garantir qu’on allait me prendre – à la condition que j’aille les voir en Californie. Cela me semblait être à l’autre bout du monde et je n’y suis donc pas allé.”

Louis Faurer, qui achète son premier appareil photo à 21 ans, est rapidement récompensé :

“De 1934 à 1937, j’ai croqué des caricatures sur la plage à Atlantic City (New Jersey). C’est de 1937 que date mon intérêt pour la photographie, intérêt qui s’est beaucoup renforcé le jour où j’ai remporté un premier prix au concours de la photo de la semaine du Philadelphia Evening Public Ledger. Bientôt, les premiers livres de photographie de la Farm Security Administration devinrent ma bible. J’ai été particulièrement séduit par les photographies de Walker Evans. L’univers de Harper’s Bazaar me fascinait lui aussi.”

Le crépuscule de Times Square

Si à l’époque, Market Street (artère commerciale de Philadelphie) est la toile de fond de ses séries, il décide en 1947 de partir vivre à New York. Il commence alors à travailler pour le Junior Bazar et rencontre Robert Frank, qui va rapidement devenir l’un de ses plus proches amis. L’artiste considère ces années comme un moment charnière dans l’évolution de son travail.

“Les années 1946 à 1951 furent importantes. J’ai photographié presque chaque jour, et la lumière hypnotique du crépuscule me conduisait dans Times Square. Mon mode de vie, c’était de photographier le soir dans le quartier et de développer et tirer mes photos dans la chambre noire de Robert Frank. Il s’exclamait ‘Whatta town, Whatta town !’

Louis Faurer multiplie les commandes pour de nombreux titres de presse prestigieux comme Flair, Harper’s Bazaar, Glamour ou Mademoiselle, ce qui lui permet de vivre de ses images et de poursuivre ses séries personnelles dans les rues de la Grosse Pomme.
Peu connu du grand public, contrairement à d’autres photographes de son rang, Louis Faurer impressionne ses confrères par la pureté de son regard. Sans jugement, il part à la rencontre d’anonymes croisés au hasard d’une rue. À travers ses clichés mélancoliques, il est capable de faire émerger l’individualité au milieu de la foule et sait s’effacer pour laisser la place à ses modèles. Souvent contraint par l’éclairage nocturne, il n’hésite pas à tester de nouveaux procédés et expérimente le flou, le grain ou encore les superpositions.
Malgré sa fascination pour Times Square, il quitte finalement New York pour des raisons personnelles et financières. Il vit alors à Londres ou encore à Paris, où il honore quelques commandes pour Elle et Vogue France.

“En 1968, j’ai ressenti le besoin de voir de nouveaux lieux, de nouveaux visages, de changer. J’ai essayé l’Europe. Je suis revenu aux États-Unis vers le milieu des années 1970 et j’ai été stupéfait par les changements qui s’étaient produits. Je me suis remis à photographier New York avec un enthousiasme presque égal à celui des débuts.”