Les lumières néon inondent les portraits électriques de Maciek Jasik

Les lumières néon inondent les portraits électriques de Maciek Jasik

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Par Florian Ques

Publié le

Avec une méthode d’éclairage dont il a le secret (qu’il compte bien garder), le photographe polonais s’inspire de l’art postimpressionniste pour réaliser des clichés envoûtants.

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Ces derniers temps, les lumières néon, faisant écho au style rétro des décennies révolues, font doucement mais sûrement leur grand retour sur le devant de la scène. Au rayon de la pop culture, des longs-métrages comme le controversé The Neon Demon ou encore des séries telles que Riverdale ne lésinent pas sur cet éclairage aussi saturé qu’enivrant. L’artiste Maciek Jasik, lui, n’a pas attendu que le néon soit remis au goût du jour pour en faire usage et livrer des images fascinantes.

Arborant des teintes allant d’un pêche relaxant à un turquoise énigmatique, ses portraits s’enchaînent et ne se ressemblent pas. Hormis l’omniprésence attendue de cette esthétique néon, chacun des clichés que Maciek Jasik réalise est suffisamment élaboré pour se détacher des autres. Grâce à la personnalité rayonnante du modèle choisi, ou bien par le camaïeu ou le dégradé que le photographe a soigneusement sélectionné, chaque image génère un ressenti différent.

Bien entendu, si ses premiers travaux se cantonnaient à des portraits classiques coupés au niveau du buste, le photographe n’hésite pas à expérimenter et réverbère son éclairage néon sur des corps en mouvement. Ce parti pris esthétique confère à ses images un côté à limite du fantasmagorique, comme si ce qu’il capturait venait tout droit d’une dimension parallèle. “Je n’essaie pas de coller à une époque particulière”, nous confie-t-il, “je veux simplement que mon travail demeure mystérieux et déroutant d’une certaine façon”. Pari réussi.

“L’inspiration provient de travaux qui repoussent les limites”

Natif de Gdansk en Pologne, désormais habitant de la fameuse ville qui ne dort jamais, Maciek Jasik est diplômé de l’université privée Johns-Hopkins située à Baltimore. Il s’est par la suite fait un nom dans le milieu artistique, cumulant plusieurs collaborations avec des grandes enseignes ou des magazines incontournables à l’instar de GQ, Esquire ou encore le seul et l’unique New York Times. Fort heureusement, c’est sur son compte Instagram personnel que l’on peut admirer ses œuvres tout bonnement envoûtantes :

“Je vois de la photo tout le temps, mais la plupart du temps, ça ne prend pas de risques”, atteste Maciek Jasik. “Je pense que l’inspiration provient de travaux qui repoussent les limites. Je suis moi-même inspiré par la peinture quand je crée mon art. Ces applications surréalistes de couleur peuvent se trouver dans le mouvement postimpressionniste ou dans les œuvres de Francis Bacon”.

Outre ce dernier, d’autres artistes contemporains figurent dans les influences du photographe polonais, tels que Nicola Samori, Alex Kanevsky ou bien Neo Rauch.

Une chose est sûre, comme une recette de famille seulement transmise aux privilégiés, Maciek Jasik reste secret quant à son processus créatif. Il nous garantit en tout cas que l’ensemble de ses clichés sont réalisés seulement avec l’appareil photo, aucune retouche n’étant effectuée :

“La plupart du temps, je ne sais pas ce qu’une photo va donner au moment où je la prends”, nous confie-t-il. “J’utilise un éclairage pointilleux dans le studio, étant donné que j’adore placer des couleurs et des formes sur le visage et le corps. Ça dépend de plusieurs facteurs, mais une photo peut me prendre environ une heure”.

En soi, bien que son travail requière de l’attention et un certain degré de précision, le photographe sait se laisser guider par son intuition et fait confiance à l’instant : “Chaque photo est différente et je ne vais pas à un shooting dans l’idée de transmettre quelque chose de particulier. Je préfère voir la photo évoluer au fur et à mesure, mais j’aime projeter du mystère et de l’émerveillement. Je ne veux pas que qui que ce soit comprenne ce qu’il s’y passe. C’est là que la magie disparaît”.