Économie et identité : l’enquête visuelle de Priscilla Briggs sur le consumérisme chinois

Économie et identité : l’enquête visuelle de Priscilla Briggs sur le consumérisme chinois

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Par Lisa Miquet

Publié le

S’intéressant de près à l’impact que peuvent avoir les systèmes économiques sur l’identité, la photographe Priscilla Briggs a passé plusieurs années en Chine pour tenter de documenter le rapport qu’entretien le peuple chinois à la consommation. 

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À l’heure où les élections présidentielles françaises accaparent le débat public, l’écologie reste l’un des enjeux primordiaux : nos choix politiques auront forcément des conséquences sur l’avenir de notre planète. La question de la consommation, voire de la surconsommation, est donc fondamentale aussi bien en France qu’à l’étranger. C’est ce qu’a voulu questionner la photographe américaine Priscilla Briggs qui a voyagé le long de la côte orientale de la Chine pour explorer les différentes facettes de la société chinoise, dans un contexte où le communisme chinois a laissé sa place à une économie capitaliste.

Ses images dépeignent un pays à l’intersection entre l’Est et l’Ouest, qui rejette les valeurs traditionnelles prônées par le parti communiste chinois, selon lesquelles les objectifs nationaux prévalent sur les besoins individuels. Les changements de politiques économiques du pays ont considérablement redéfini la vie de ses habitants, donnant naissance à une nouvelle classe moyenne de consommateurs en plein essor.

Une enquête visuelle sur ce changement économique

Sa série intitulée Impossible is Nothing – “rien n’est impossible” en français – montre la Chine comme un temple de la consommation. Priscilla Briggs explique :

“La croissance économique rapide de la Chine a entraîné une transformation complexe à la fois constructive et destructrice du paysage culturel et physique de ce pays. Mon intérêt pour l’impact des systèmes économiques et de la publicité sur l’identité a alimenté mon travail en Chine… Cette série pourrait être vue comme une enquête visuelle sur le changement économique monumental qui a conduit à la formation de la classe moyenne chinoise.”

Impossible is Nothing montre donc les énormes centres commerciaux des riches villes côtières, les coulisses de la fabrication de la lingerie à Shantou, l’industrie de la peinture à l’huile de Xiamen, les nombreux parcs d’attractions ou encore les studios photo de mariage omniprésents. Parmi les images les plus étonnantes, on peut noter les portraits de ces peintres chargés de reproduire des chefs-d’œuvre occidentaux à la chaîne comme La Joconde. Ces copies d’œuvres d’art produites en série servent à décorer les intérieurs d’acheteurs ayant l’impression de “s’élever socialement” grâce à ces acquisitions.

Ce travail d’enquête visuelle est compilé dans un ouvrage publié aux éditions Daylight, accompagné d’un essai du journaliste Rob Schmitz qui contextualise les images de Priscilla Briggs. Un travail intéressant, réalisé sur le long terme, qui nous informe en images.

Impossible is Nothing: China’s Theater of Consumerism par Priscilla Briggs.