Renato D’Agostin a traversé l’Amérique d’est en ouest et en a rapporté des images majestueuses

Renato D’Agostin a traversé l’Amérique d’est en ouest et en a rapporté des images majestueuses

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Par Lise Lanot

Publié le

La série 7439, du photographe Renato D’Agostin, éblouit par ses images d’un noir et blanc cinématographique, exposées à la galerie Thierry Bigaignon.

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7439, c’est le nombre de miles qui sépare la côte Est américaine de sa côte Ouest. Si de nombreux artistes et voyageurs se sont lancés à l’assaut de ces quelques milliers de kilomètres (11 971 pour notre système métrique), le photographe italien Renato D’Agostin en a rapporté des photographies en noir et blanc majestueuses.

À travers des images très graphiques et contrastées, il dresse un portrait contemporain de l’Amérique. À première vue, on ressent une perte de contrôle, l’impression de plonger la tête la première dans l’inconnu, en se demandant à quelle époque nous nous trouvons. Rapidement, pourtant, le spectateur perçoit les caractéristiques de ce qui forme la société américaine actuelle : sa violence, la place donnée aux armes et à la religion.

Ses photographies semblent se situer à la croisée des arts. On se croirait parfois devant des illustrations au crayon ou une toile tant l’artiste maîtrise son art : as de la composition et de la prise de vue, ses images prennent vie au moment du tirage avec ce jeu sur les grains si particulier. Elles paraîtraient presque tirées d’un vieux film noir des années 1950, tant la recherche esthétique est prégnante.

Un voyage visuel

Né en 1983, le photographe représente de façon assez symbolique les thèmes qu’il met en avant : l’immensité du territoire révélée par une route qui s’étend à l’infini, lumineuse au milieu de la noirceur ambiante, un écran d’ondes qui symbolise la ville de Detroit, berceau de la techno, ou la traînée d’une fusée, symbole de la conquête spatiale (et du monde par extension). Une seule image fait figurer les fameux buildings américains, prouvant que ce n’est finalement pas l’urbain qui a marqué le photographe mais plutôt les campagnes, les petites villes et leurs petites histoires : “Preuve que finalement la ville, ce n’est pas grand-chose à l’échelle du pays”, précise Thierry Bigaignon, responsable de la galerie du même nom qui expose les œuvres de Renato D’Agostin jusqu’au 9 septembre 2017.

Son travail d’orfèvre sur l’image rend extraordinaires les craquelures d’un sol aride, les marques d’un tronc coupé, les détails d’un lézard qui rencontre une peau humaine ou encore l’ombre d’un skateur sublimée par une composition originale et follement efficace. De plus, cette attention portée aux détails homogénéise des images qui pourraient sembler ne rien avoir en commun.

Son jeu sur les focus et les plans dégage toujours une folle énergie. Intéressé par le mouvement, inachevé ou immobilisé, le photographe évolue dans trois dimensions : “une dimension graphique, une dimension géographique et une dimension chronologique”, précise Thierry Bigaignon. Les photographies, tirées en grands formats et parfois présentées sous la forme de diptyques ou de triptyques narratifs, sont d’autant plus impressionnantes “en vrai”, lorsque le grain se fait davantage présent et, par la même occasion, poétique.

7439 est exposée à la galerie Thierry Bigaignon jusqu’au 9 septembre 2017. L’expo est accompagnée des photographies de la jeune photographe italienne Vittoria Gerardi.