Richard Mosse a reçu le prix Pictet pour ses images thermiques des flux migratoires

Richard Mosse a reçu le prix Pictet pour ses images thermiques des flux migratoires

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Par Lise Lanot

Publié le

Grâce à un appareil photo habituellement réservé à l’armée, le photographe Richard Mosse a mis en images le chemin emprunté par les migrants. 

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Nous vous annoncions il y a quelques semaines que le Victoria & Albert Museum de Londres avait pris la décision d’ouvrir un centré dédié à la photographie à l’automne 2018. Avant son ouverture, le musée continue de faire la part belle à la photo en exposant les images du gagnant du prix Pictet, l’Irlandais Richard Mosse, du 6 au 28 mai 2017.

C’est pour sa série Heat Maps que le jeune photographe a reçu cette distinction. Les images ont été prises avec une caméra militaire classée en tant qu’arme par la loi internationale :

“Mosse a utilisé l’engin de surveillance de haute technologie, conçu pour détecter la chaleur corporelle à un rayon de 30 kilomètres à la ronde, afin de tracer les routes prises par les réfugiés venant du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.”

Le photographe s’est intéressé aux populations contraintes de quitter leurs foyers afin d’espérer trouver une vie meilleure au bout de leur route. Habitué à avoir recours à du matériel photographique militaire, il a cette fois-ci fait usage d’un appareil militaire (qui donne aux photos une dimension scientifique) pour documenter un contexte géopolitique insoutenable (celui de ces populations déplacées). La confrontation de l’arme militaire et de l’illustration de ces vies humaines ajoute un caractère particulièrement prenant à ces images : on y voit l’alliance de la froide statistique à la chaleur de l’homme.

Un prix humain

C’est Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, qui a remis à Richard Mosse sa récompense, en sa qualité de président honoraire du prix. Depuis sa mise en place, en 2008, ce prix récompense à chaque édition la photographie (“tous les genres photographiques”, précise le site de Pictet) qui attire l’attention du monde sur les problématiques de durabilité (notamment concernant le développement durable).

Pour cette septième édition, le thème proposé était l’espace (le prix avait auparavant mis en avant les thèmes de l’eau, la terre, la croissance, le pouvoir, la consommation et le désordre). À propos des œuvres des finalistes de cette édition (lesquels comprenaient, entre autres, Rinko KawauchiBeate GuetschowSaskia Groneberg), Kofi Annan a déclaré lors de la cérémonie :

“Peut-être que ces travaux portent en eux de l’espoir. L’espoir que, malgré les dommages catastrophiques dont nous sommes les témoins, au sein du monde naturel et au sein des vies de nos concitoyens les plus vulnérables, il n’est pas trop tard pour remédier aux problèmes que nous avons causés, de nous autoriser les uns les autres à disposer d’un nouvel espace de réflexion. En tirant le portrait de ce chaos, les artistes finalistes du thème espace ont mis en lumière cette possibilité. Nous serions stupides d’ignorer leurs messages.”

Alors que le nombre d’êtres morts en mer et sur le chemin de ce qu’ils espèrent être une vie meilleure continue d’atteindre des sommets inquiétants, espérons que les images de Richard Mosse contribueront à ouvrir les perspectives d’un avenir moins sombre.