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La scène undergound russe des années 1990 vient squatter les pages d’un livre

La scène undergound russe des années 1990 vient squatter les pages d’un livre

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Par Lise Lanot

Publié le

Un mook rend hommage à la naissance et à l’émancipation de la scène électronique russe et de ses raveurs dans les années 1990, à travers des images provenant des archives de certains de ses participants.

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On a des nouvelles du génie de la mode Gosha Rubchinskiy. Après avoir collaboré à deux reprises avec In Russia (un guide de Kalingrad, ville dans laquelle il avait présenté sa collection automne-hiver 2017 accompagnée d’un court documentaire sur ses mannequins), le créateur russe a travaillé de concert avec le média à la création d’un mook (contraction de “magazine” et “book” en anglais, ndlr), sobrement intitulé Saint-Pétersbourg, consacré à ce qui a inspiré sa collection printemps-été 2018 : la scène rave de la ville dans les années 1990.

À travers ses créations, Rubchinskiy sublime la jeunesse russe. Ses vêtements streetwear repensent catégoriquement la silhouette et révèlent une mode unisexe fortement influencée par les années 1990. Le côté très brut de son travail rappelle avec force l’émergence de la scène underground russe. “C’est la jeunesse qu’il a eue qu’il fait revivre aujourd’hui à travers la mode”, souligne notre journaliste lifestyle et mode. Il n’est donc pas surprenant qu’il participe à ce projet de livre photo dédié à ce tourbillon historique.

Le magazine présente des images d’archives d’un DJ, Alexei Khaas, et d’un photographe, Igor Bystriy, deux participants actifs de cette contre-culture russe. Le magazine publie donc des images inédites de cette époque, qui apporte une lumière nouvelle sur la région saint-pétersbourgeoise et présente des lieux emblématiques, aujourd’hui encore, pour tous les raveurs de la région.

L’ouvrage est accompagné d’un essai intitulé “Comment j’ai créé la rave russe”, écrit par Timur Novikov, et inclut des témoignages de ceux qui ont participé à l’émergence de cette scène, précise In Russia. Les photographies, majoritairement en noir et blanc, illustrent l’énergie et le bouillonnement inhérent à cette époque qui voit s’effondrer le rideau de fer et le mur de Berlin. On nous rappelle qu’à ce moment, “chaque endroit qui disposait d’un quelconque équipement acoustique et qui était assez grand pour accueillir une foule suffisait” et que, progressivement, des clubs dédiés au “phénomène” commençaient à apparaître.

Saint-Pétersbourg a un statut particulier, puisque la ville a été “construite sur un rêve d’union de la Russie avec l’Europe” et est historiquement associée aux tendances culturelles européennes. C’est un aspect de l’histoire russe dont on parle peu et qui a pourtant beaucoup de choses à raconter, autant sur le phénomène lui-même que sur les générations qui l’ont vécu et qui sont aujourd’hui plus âgées. Le fait que “la naissance de la scène de la musique électronique russe [ait été] documentée par ses participants” rend ces images aussi humaines qu’historiques.