Voyage en immersion chez les Massaïs d’aujourd’hui

Voyage en immersion chez les Massaïs d’aujourd’hui

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Par Lise Lanot

Publié le

Le photographe normand Adrien Blondel est parti dans le village de Namuncha pour photographier ceux qui se considèrent comme “les derniers Massaïs”.

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Il y a huit ans, Adrien Blondel partait pour la première fois à Namuncha, un village massaï du Kenya, comme le raconte le site Aint bad. Le photographe normand y est allé pour capturer des images afin d’attirer des touristes, et ainsi participer à la première économie du pays. Intéressé par le mode de vie et l’évolution de ce peuple, Adrien Blondel y est retourné pour immortaliser la vie de ces villageois.

Le village de Namuncha est situé a la limite des terres massaïs, au Kenya, à une heure de la capitale, Nairobi. Le photographe nous précise que “ses membres parlent parfois d’eux-mêmes comme des derniers Massaïs. Cette petite blague a un goût amer, portant la prophétie de leur propre disparition et la relégation de leurs traditions au rang de simples cartes postales”.

S’ils se qualifient de “derniers” Massaïs, ce n’est pas que leur nombre diminue. Cela ferait simplement référence au fait que leur village soit situé à la limite des terres massaïs : “En quittant le village en direction du Nord, on ne rencontre rapidement plus de Massaï. Ce territoire est de plus en plus contesté, notamment par le gouvernement”, explique le photographe.

Une sédentarité forcée

Selon un article d’Intercontinental Cry, les gouvernements kenyan et tanzanien ont instauré des programmes encourageant les Massaïs à abandonner leur style de vie traditionnel semi-nomade. L’artiste confie que c’est bien sur ce déclin culturel qu’il a décidé de se pencher, et plus particulièrement sur la sédentarisation forcée mais aussi l’interdiction de la chasse au lion et la disparition de la culture massaï :

“La conservation de leurs coutumes requiert beaucoup d’efforts, à l’instar de leur tentative de construction d’un centre culturel et les évolutions que j’ai constatées au sein du village sur presque dix ans. Ces efforts vont plus vers une occidentalisation qu’un retour aux traditions.
 
Les Massaïs abandonnent les huttes traditionnelles pour des maisons en ciment plus confortables, ils se déplacent tous à moto, ce qui n’existait pas lors de ma première visite. Les enfants sont tous fans de football anglais, écoutent de la musique américaine et portent des vêtements occidentaux la plupart du temps.
 
Les coutumes massaïs sont plus présentes dans les communautés situées au cœur des territoires, mais la préservation de ces territoires est en danger et, parfois, certaines coutumes ne sont préservées que parce qu’elles engendrent un revenu grâce au tourisme.”

La vie ordinaire des Massaïs

En 2016, Adrien Blondel est retourné à Namuncha pour réaliser un projet multimédia, composé d’un long-métrage documentaire et d’un reportage photographique. Son but était de “fournir une représentation de l’ordinaire au sein d’une culture radicalement différente, connue dans le monde pour l’exotisme de ses traditions”. Il ajoute :

“Mon projet parle de la vie ordinaire des Massaïs, d’une culture formée autour d’une conception du temps différente. C’est un peuple chantant vivant une vie paisible, une culture fragilisée par la menace de la mondialisation. Leur tranquillité apparente porte la présence d’une lutte, ancrée dans l’histoire et l’économie, une menace silencieuse.”

Si l’imaginaire collectif voit les Massaïs comme un peuple forcément paré d’atouts particuliers, les images de Blondel présentent des gens qui portent autant des jeans et chemises que des étoffes traditionnelles, telles que la célèbre shuka à carreaux. Cependant, le jeune homme note que les Massaïs s’identifient tout de même entre eux par des signes physiques distinctifs :

“À l’extérieur de leurs territoires, les Massaïs s’identifient par le biais de détails, le plus souvent un bracelet de perles ou l’absence d’une incisive. Ces petites particularités servent de forme d’identification, et peuvent être vues comme un phare dans un pays au sein duquel les Massaïs sont minoritaires et voient leurs possessions territoriales être de plus en plus contestées.”

Loin de tous les clichés, les images d’Adrien Blondel se font le témoin de l’évolution d’un peuple à l’histoire centenaire. Ses photos se placent dans l’entre-deux, dans lequel se trouvent les habitants rattrapés par la mondialisation, entre modernité et traditions.

Vous pouvez retrouver le travail d’Adrien Blondel sur son site personnel ainsi que sur son compte Instagram.