Beyoncé a sorti son huitième album : les 10 temps forts de Cowboy Carter

Cowboy Carter: Act II

Beyoncé a sorti son huitième album : les 10 temps forts de Cowboy Carter

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Par Flavio Sillitti

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On a écouté le nouvel album de Queen B et on vous dit tout ce qu’il faut retenir de son épopée country (mais pas que).

On prévoyait un album exclusivement country, un revival de son duo “Telephone” avec Lady Gaga, une apparition de Rosalía et même un couplet de Travis Scott, et au final, Beyoncé a réussi à garder sous silence toutes les (vraies) surprises que contient son huitième album, Cowboy Carter.

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Pour ce nouvel opus, second acte de sa trilogie de disques entamée en 2022 avec Renaissance, “la reine des abeilles” dévoile vingt-sept tracks (dont quatre interludes et plusieurs mini-morceaux), et s’exprime d’une plume plus loquace, personnelle et touchante, comme l’indiquait déjà le single “16 Carriages” partagé plus tôt dans l’année, marqué d’une impudeur dont elle s’était privée sur le disque précédent.

Dès le premier morceau, à savoir l’intense “Ameriican Requiem”, la superstar évoque les défis qui ont accompagné son expérimentation avec le genre country, ainsi que les événements qui ont forgé son envie de proposer un tel album.

Avec des interludes de Willie Nelson et de la légendaire Linda Martell, des reprises de Dolly Parton et des Beatles, mais aussi des collaborations avec Miley Cyrus, Post Malone, Shaboozey ou Tanner Adell et même une référence qui va ravir les fans de Marvel, ce huitième album de Beyoncé risque de réchauffer les cœurs et les oreilles des fans de Queen B. On vous liste les dix temps forts de ce futur classique.

Oui, Beyoncé peut faire de la country

D’entrée de jeu, sur “Ameriican Requiem”, la chanteuse règle ses comptes avec les puristes country qui ont longtemps refusé son entrée dans le registre, notamment après sa prestation de 2016 aux CMA Awards, grand-messe de la country américaine, qui avait donné lieu à des remarques racistes envers la chanteuse de “Daddy Lessons”.

Dans le premier morceau du nouvel album, qui déroule des notes impossibles dont seule Beyoncé à le secret, elle semble directement aborder l’incident : “Les gens ont beaucoup de choses à dire quand je chante ma chanson”, avant de surenchérir :

“Ils disaient que je parlais ‘trop country’ / Puis le rejet est arrivé, ils ont dit que je n’étais ‘pas assez country’ / Ils ont dit que je ne monterais pas en selle, mais si ce n’est pas de la country, dis-moi ce que c’est / Ils ne savent pas à quel point j’ai dû me battre pour ça, quand je chante ma chanson”

Des interludes de légende

Comme une façon d’introniser Queen B dans le genre country, ce sont les légendes du registre elles-mêmes qui s’invitent sur l’album à travers plusieurs skits et interludes. On retrouve d’abord Dolly Parton, qui introduit la reprise de son titre “Jolene”, avec un parallèle mordant entre la “Becky with the good hair” de Beyoncé et sa némésis à elle, Jolene.

C’est ensuite Linda Martell, première femme noire à avoir connu la gloire dans le genre country, qui introduit “Ya Ya” avec le skit “The Linda Martell Show”  : Ce morceau particulier s’étend sur une large gamme de genres, et c’est ce qui en fait une expérience d’écoute unique.”

Willie Nelson, héros américain de la country, s’offre des caméos surprenants en se glissant dans la peau d’un présentateur d’émission de radio, comme lorsqu’il introduit le titre “Texas Hold ‘Em” : “Bienvenue à l’heure de la fumette sur KNTRY Radio Texas. Vous connaissez mon nom, pas besoin de connaître le vôtre. Maintenant, pour la prochaine chanson, je veux que vous vous asseyiez, que vous inspiriez et que vous rejoigniez cet endroit agréable où votre esprit aime s’égarer.”

Une cover de “Jolene” et des Beatles

Plusieurs rumeurs avaient fuité quant à la reprise de l’iconique “Jolene” de Dolly Parton, notamment de la part de l’interprète elle-même, et c’est finalement une réalité : Beyoncé chante bien le classique country sur son album. La chanteuse s’offre un léger twist dans les paroles qui lui permet de se réapproprier ce cri du cœur sorti en 1973, sur lequel Dolly supplie cette magnifique Jolene de ne pas lui voler son homme.

Contrairement à Dolly, Beyoncé ne “supplie” par Jolene, mais la met en garde : “Je te préviens, meuf, trouve ton propre homme / Jolene, je sais que je suis une reine / Je suis toujours cette sal*pe créole banjee de Louisiane / Ne me teste pas.” Au moins, c’est clair. Un morceau qui résonne fortement avec le thème de l’adultère brillamment abordé sur le disque Lemonade de Beyoncé en 2016.

Autre surprise de l’album, une reprise du classique “Blackbird” des Beatles, que Queen B reprend aux côtés de la jeune sensation Tanner Adell, nouvelle voix de la country de demain, qui la rejoint sur la fin du morceau pour un rendu frissonnant, mais également des nouvelles femmes noires de la country, à savoir Brittney Spencer, Tiera Kennedy et Reyna Roberts, qui s’invitent sur les chœurs.

Une collaboration remplie de symboles, surtout quand on sait que le morceau des Beatles fait écho au contexte conflictuel de bataille pour les droits civiques des personnes de couleur dans le Sud des États-Unis des années 1960. Paul McCartney explique d’ailleurs  dans une interview pour GQ en 2018 que le “blackbird” du morceau (“l’oiseau noir”) peut également être remplacé par “black girl”, de quoi mieux comprendre sa présence sur l’album de Queen B. La vision !

Une pique aux Grammy Awards

Aussi fou que cela puisse paraître, et malgré son titre d’artiste la plus récompensée à la cérémonie des Grammy Awards, Beyoncé n’a jamais remporté le prix du Meilleur album de l’année, malgré les nominations au fil des ans. En 2023, son album Renaissance s’inclinait ainsi face au disque Harry’s House de Harry Styles, suscitant la controverse.

Ces défaites, que beaucoup considèrent comme un snobisme intense de la part de l’Académie, ont très probablement inspiré une ligne du morceau “Sweet ★ Honey ★ Buckiin'”, à savoir : “L’Album de l’année, je ne l’ai pas gagné / Je ne les laisse par m’étourdir / Je prends cette m*rde à bras-le-corps / Je reviens et je fais tout péter”. Dis-leur, Beyoncé.

Des samples iconiques

Pour composer l’atmosphère sixties de l’album, Queen B mise sur des samples forts, comme elle l’avait déjà fait sur Renaissance, en s’inspirant librement des classiques et des pépites moins connues du registre house. Ce sont donc bien les paroles de “Good Vibrations” des Beach Boys qui s’invitent sur “Ya Ya”, qui débute d’ailleurs sur le jeu de cordes de “These Boots Are Made for Walkin'” de Nancy Sinatra.

Le dense “Sweet ★ Honey ★ Buckiin'” s’ouvre sur une reprise de “I Fall To Pieces” de Patsy Cline, tandis que le mythique “Oh Louisiana” de Chuck Berry se glisse également ailleurs sur l’album de façon distordue et pitchée. Un insert qui pourrait servir de clin d’œil au troisième acte de la trilogie d’albums de Queen B, que beaucoup suspectent être teinté de rock’n’roll – pour rappel, Chuck Berry est considéré comme le véritable pionnier du genre rock’n’roll.

Un véritable mélange des genres

Comme Queen B l’avait annoncé, cet album “n’est pas un album de country, c’est un album de Beyoncé”. Et après notre première écoute, force est de constater qu’elle disait vrai. Forcément, on retrouve l’esprit country évident dans l’imagerie globale et plusieurs des morceaux de l’album, à l’instar de “Alliigator Tears”, “16 Carriages”, “Texas Hold ‘Em” ou “Flamenco”.

Mais c’est avant tout une myriade d’autres genres qui colore le disque, allant de la pop catchy sur l’excellent “Bodyguard” à la funk sur “Desert Eagle”, en passant par du R&B sur “Tyrant”, des touches électroniques sur “Riiverdance” et “II Hands II Heaven” ou encore de gospel sur “Just For Fun”.

Plus surprenant encore, on retrouve du baile funk brésilien sur “Spaghettii” et même une section d’opéra lyrique en italien sur l’intense “Daughter”, qui bascule de façon inattendue sur l’aria légendaire  “Caro mio ben” en cours de route. Bref, si vous en doutiez encore, Beyoncé sait tout faire, et surtout tout chanter.

Des invité·e·s inattendu·e·s mais efficaces

Alors que toute une partie d’Internet rêvait de voir Taylor Swift s’inviter sur l’album, qu’une autre était persuadée que Lady Gaga viendrait offrir la suite du mythique “Telephone” et qu’on misait de notre côté sur une participation de Rosalía sur le morceau “Flamenco”, il n’en est rien : personne n’aurait pu voir venir les guests de l’album.

C’est finalement Miley Cyrus, Post Malone (sur “Levii’s Jeans”), Shaboozey (sur “Spaghettii”), mais aussi les révélations country Willie Jones (sur “Just For Fun”) et Tanner Adell (sur “Blackbiird”) qui s’invitent sur le disque.

Si leur collaboration était plutôt improbable, la rencontre entre les univers de Miley Cyrus et de Queen B sur “II Most Wanted” est d’une efficacité folle. C’est un de ces morceaux parfaits qui a tout pour traverser les années sans mal. Leurs deux voix fortes et déployées se mêlent avec grâce sur le refrain, véritable ode à l’amour sous l’influence du “Landslide” de Fleetwood Mac. Sortez les mouchoirs, réveillez vos voisin·e·s et augmentez le volume, c’est de toute beauté.

La petite voix de sa fille Rumi sur “Protector”

Premier crédit musical pour Rumi Carter, petite sœur de Blue Ivy et jumelle de Sir, que Beyoncé et Jay-Z ont accueillie dans leur petite famille en 2017. C’est sa petite voix toute douce qu’on entend au début de la ballade “Protector”, avec un adorable “Maman, tu peux me faire écouter la berceuse, s’il te plaît ?”. Trop chou.

Beyoncé, fan de Marvel ?

Les oreilles les plus attentives ne louperont pas le clin d’œil au film Avengers de la franchise Marvel et au fameux “snap” de Thanos dans le film Infinity War sorti en 2018. “Je ne fais pas partie d’un gang, mais je prends des shooters et j’explose tout / En un claquement de doigts, je deviens Thanos”, déclame Queen B sur “Spaghettii”. Pas certain qu’un·e seul·e des Avengers osera s’y frotter, cette fois.

Pharrell Williams sur “Sweet ★ Honey ★ Buckiin’”

Il semblerait que ce soit le génie de Pharrell Williams qui se cache derrière la production hallucinante de “Sweet ★ Honey ★ Buckiin’”, comme le confirme le site Genius. La patte du musicien et producteur (et aujourd’hui directeur créatif de la maison Louis Vuitton) sublime le titre, qui constitue selon nous le vrai point culminant de l’album en termes de production, et on ne parle pas seulement de ces deux (!) effets de beat switch captivants, qui scindent le morceau en trois parties.

L’esprit Jersey club percussif du titre se mêle parfaitement au rap de Shaboozey (l’invité d’honneur de l’album, décidément) mais aussi et surtout à la voix et au phrasé de Beyoncé, qui se lâche sur des “Buck it, buck it” entêtants sur le dernier tiers du morceau. Trop fort.

L’album Cowboy Carter est disponible partout.