4 installations numériques démentielles à découvrir au festival Constellations à Metz

4 installations numériques démentielles à découvrir au festival Constellations à Metz

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© Philippe Gisselbrecht/Ville de Metz

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Cet été, à Metz, vous allez avoir des étoiles plein les yeux.

Le festival Constellations revient à Metz pour la troisième année consécutive. Mettant à l’honneur des parcours street art, des performances, expositions et concerts jusqu’au 7 septembre, le festival a voulu mettre un accent tout particulier, cette année, sur le parcours d’installations numériques qui prend place dans des basiliques et cathédrales de cette ville au patrimoine culturel riche.

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Entre expériences immersives et mappings vidéo qui déboussolent, l’art et la technologie n’ont jamais fait aussi bon ménage. Focus sur quatre installations impressionnantes qui valent le détour et feront vibrer votre été.

De l’eau dans le cosmos

“Constellations”, Joanie Lemercier. (© Philippe Gisselbrecht/Ville de Metz)

À travers Constellations, Joanie Lemercier nous avale tout cru·e·s. Située à la Pointe Fabert, cette œuvre en trois dimensions se matérialise sous la forme d’un mapping projeté sur un rideau de pluie circulaire, dont les lumières et formes se reflètent directement sur le spectateur.

On assiste à une relecture du cosmos et à une cartographie de l’espace qui se traduisent à travers des lignes qui se diffractent, des formes géométriques, des planètes, étoiles et constellations se mouvant au fil de l’eau et du vent. Le cosmos semble sortir du rideau de pluie et se diriger vers nous, tels des objets célestes et autres astéroïdes.

“Constellations”, Joanie Lemercier. (© Philippe Gisselbrecht/Ville de Metz)

Notre perception est défiée : l’artiste questionne ici toutes les possibilités offertes par la lumière en tant que médium. Le rideau aquatique se déploie et l’eau épouse à merveille la lumière, ne faisant qu’un seul et même élément. Juliette Bibasse, sa partenaire en charge de la production, nous explique que l’artiste tient son inspiration principale du concept même de constellations qui a été théorisé par l’homme :

“C’est une démarche humaine d’avoir créé cette idée de constellations. L’humain, pour des besoins pratiques de se repérer dans l’espace, a décidé de connecter ces étoiles entre elles alors qu’on sait aujourd’hui qu’absolument rien ne les lie. Joanie a voulu proposer quelque chose autour de cela : la constellation, tracer des lignes entre les étoiles, c’est une manière pour l’humain de se les approprier et de s’en rapprocher.”

Lemercier signe ici le projet le plus poétique du festival, sur une musique de Paul Jebanasam. Si l’œuvre est bel et bien immersive et hypnotisante, quelques gouttes d’eau ne manqueront pas de vous rappeler que vous êtes sur Terre.

Décollage imminent pour la Lune

Au cœur de la basilique Saint-Vincent, Guillaume Marmin et l’agence Tetro présentent une installation des plus ambitieuses, intitulée 1,3 seconde, qui doit son nom au temps que la lumière met pour faire le trajet entre la Terre et la Lune, en 300 000 kilomètres par seconde.

Un véritable travail a été effectué sur le son et le rythme de la lumière : c’est comme si chaque projection lumineuse, chaque LED avait une voix et un pouls. Cette œuvre d’une ampleur épileptique reproduit l’expérience d’un décollage pour la Lune, à l’aube du tourisme de l’espace qui se profile pour 2021 et afin de fêter dignement les 50 ans du premier pas de l’homme sur la Lune.

“1,3 seconde”, Guillaume Marmin et Tetro. (© Maxime Brochier)

L’installation commence crescendo, le ton est solennel et l’espace sacré qu’offre ce lieu classé monument historique est exploité dans son entièreté, comme s’il s’agissait d’un vaisseau spatial. Arrivé·e·s au climax – donc au décollage –, la Lune apparaît, dans un cercle lumineux, avec presque la même félicité que lorsqu’elle a été aperçue pour la première fois dans le hublot de la capsule emportant Neil Armstrong et Buzz Aldrin en 1969.

Le bruit des diodes qui chavirent comme les lucioles, le mal de la terre, la mélancolie de l’astronaute, tout se ressent à travers cette performance interstellaire qui resculpte la basilique. Puis, tout s’éteint et se fige. On y est, et on se sent tout petits.

Le mariage du céleste et du sacré

“In Vivam Memoriam”. (© Philippe Gisselbrecht/Ville de Metz)

Dans In Vivam Memoriam, Romain Tardy nous plonge dans une ère futuriste au sein de laquelle la révolution numérique aurait fané. La performance a été pensée comme une cérémonie et une œuvre littéraire narrant la fin et le renouveau de l’Internet, du monde connecté tel qu’on le connaît, avec, au bout du stylo, Maud Marique.

Dans cet univers dystopique, on se demande alors si le futur et les évolutions numériques ne seraient pas une technologie intégrée à nos corps (à l’ère du transhumanisme), et non pas simplement des écrans vivant à l’extérieur de nous, qui appartiennent désormais au monde passé mais qu’il est nécessaire de se remémorer. Les visiteur·euse·s sont rassemblé·e·s pour faire un dernier adieu à ce monde disparu, entre nostalgie et excitation.

Cette création marie les médias par le numérique mais en questionnent ses limites et nos usages de ce dernier : des photos de natures mortes prises par l’artiste lui-même ornent les murs du Temple Neuf ; une musique très cinématographique signée Loran Delforge accompagne l’installation ; et des drapeaux de croisades, sur lesquels des symboles numériques (comme le Bluetooth ou le WiFi) apparaissent, sont éclairés par intermittence. Dans un lieu majestueux, In Vivam Memoriam redonne tout son sacré à cet ancien temple.

Laissez-vous emporter dans un void intersidéral

“Perspectives”, Fraction & Starnault (SAT Montréal). (© Philippe Gisselbrecht/Ville de Metz)

Le duo Fraction & Starnault, faisant partie de la Société des arts technologiques de Montréal, a imaginé Perspectives, une installation immersive et numérique qui nous donne l’impression d’être aspiré·e·s dans un trou noir et un vortex poétique. Allongé·e·s, les visiteur·euse·s contemplent un plafond en forme dôme géodésique. Il y est question de conquête spatiale et d’alunissage, de l’expérience de l’homme dans le cosmos, en mêlant différents motifs architecturaux abstraits.

Sur une bande-son électronique et épique, nous sommes immédiatement plongé·e·s dans un environnement radicalement différent de la Place d’Armes, que nous avons laissée dehors, loin des pavés, des bâtisses historiques et des pierres anciennes du cœur de la ville de Metz. Dépaysement assuré.

Avec la participation de Vincent Brault, Dominic Brodeur-Gendron et Guillaume Raymond.

“Perspectives”, Fraction & Starnault (SAT Montréal). (© Philippe Gisselbrecht/Ville de Metz)

“1,3 seconde”, Guillaume Marmin et Tetro. (© Maxime Brochier)

“1,3 seconde”, Guillaume Marmin et Tetro. (© Maxime Brochier)

“1,3 seconde”, Guillaume Marmin et Tetro. (© Maxime Brochier)

“1,3 seconde”, Guillaume Marmin et Tetro. (© Maxime Brochier)

“1,3 seconde”, Guillaume Marmin et Tetro. (© Maxime Brochier)

“Constellations”, Joanie Lemercier. (© Philippe Gisselbrecht/Ville de Metz)

“Constellations”, Joanie Lemercier. (© Philippe Gisselbrecht/Ville de Metz)

“Perspectives”, Fraction & Starnault (SAT Montréal). (© Philippe Gisselbrecht/Ville de Metz)

“Perspectives”, Fraction & Starnault (SAT Montréal). (© Philippe Gisselbrecht/Ville de Metz)

“In Vivam Memoriam”. (© Philippe Gisselbrecht/Ville de Metz)

Le festival Constellations est à visiter jusqu’au 7 septembre 2019.

Cet article a été réalisé suite à un voyage presse.