“Mon rêve, c’est de peindre une ville entière” : on a parlé avec le génial Lucas Beaufort

“Mon rêve, c’est de peindre une ville entière” : on a parlé avec le génial Lucas Beaufort

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Par Antoine Multone

Publié le

À 37 ans, l’artiste a posé sa marque aux quatre coins du globe.

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Lucas Beaufort est SDF. Il a lâché son appartement cannois, où il a grandi. Plus précisément, il vit dans des avions. Demandé de Hong Kong à New York, l’artiste français voyage en permanence, là où son inspiration le mène, pour des projets plus fous à chaque fois. Et cela toujours pour la même raison : s’inspirer des gens et transmettre. 

“Je suis passionné par l’art culinaire. J’ai grandi dans les cuisines avec un père restaurateur. Ça me met des claques à chaque fois. Je trouve qu’il y a énormément de créativité dans ce domaine. Comme artiste, je peins sur des toiles bien sûr, mais aussi sur une table, un pan de mur, un morceau de verre. Mais voir ce que font les autres me met un coup de pied pour sortir des sentiers battus.”

Autodidacte, il a commencé à peindre à 26 ans. Sa passion d’alors ? Le skateboard. Il va même produire un documentaire sur les magazines de skate. Aujourd’hui, son terrain de jeu, c’est les supports qu’il aime détourner.

“Une toile, c’est la base. Mais j’ai envie de peindre partout. Pour moi, tout est support. J’aimerais faire une expo dans un avion, en me posant la question : pourquoi on ne ferait pas 10 heures de vol, où on passerait entre les sièges pour voir des œuvres accrochées ?

Je vais bientôt peindre la carlingue d’un avion. Je me sens comme un oiseau, libre. Je reviens de Montréal, où j’ai peint sur un building énorme, et ce qui me plaisait, c’était l’expérience de le faire. Quand tu es à 24 mètres de haut et que la nacelle tremble à cause du vent, ça, c’est une expérience.”

À chaque nouvelle création, on sent la patte de Lucas Beaufort : des personnages, des formes entrelacées, colorées ou non, qui allient une complexité d’ensemble avec une simplicité, une naïveté presque, du détail. Il nous explique : 

“Quand j’ai commencé à peindre, je voulais que ce soit technique. Quand je voyais des toiles simplistes, je me disais que c’était une arnaque. Aujourd’hui, je me rends compte que la simplicité est très complexe, parce qu’elle nécessite de trouver un équilibre.

Quand on voit mes personnages, ils sont heureux d’être ensemble. Ils s’entrelacent, ils n’ont même plus besoin de se regarder parce qu’ils sont collés. J’adore la diversité. Il y a des gros, des maigres, des beaux, des vilains. Mais ils vivent ensemble.”

Après avoir orné des buildings, des avions, des hôtels ou des rampes de skate, Lucas garde la passion de ses débuts et l’envie d’étendre son terrain de jeu. Son rêve ? Repeindre une ville entière.

“L’art, c’est transformer. J’imagine être en avion, et jeter des seaux de peinture pour transformer le panorama, et le faire avec une armée d’artistes. L’art est une excuse pour aller vers l’autre. Et rassembler, c’est l’inverse de ce qu’il se passe aujourd’hui, avec l’individualisme qui prend le dessus un peu partout.”

Le travail de Lucas Beaufort est à suivre sur son compte Instagram.