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Quand des enfants gallois s’approprient la mode dans une série photo poétique

Quand des enfants gallois s’approprient la mode dans une série photo poétique

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© Clémentine Schneidermann/Charlotte James/Martin Parr Foundation

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Par Sirine Azouaoui

Publié le

La photographe Clémentine Schneidermann et la directrice artistique Charlotte James signent la série photo "It’s Called Ffasiwn".

Dans les “Valleys” galloises, les montagnes et les collines sont traversées par des petites villes où les maisons ouvrières en crépis s’alignent les unes à la suite des autres. Jusque dans les années 1980, ces vallées vivaient des mines. Aujourd’hui, la région du sud du pays de Galles est l’une des plus pauvres du Royaume-Uni.

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C’est là que Charlotte James est née, dans la plus grande ville du coin – Merthyr Tydfil, dans laquelle elle réside encore –, et où elle a rencontré Clémentine Schneidermann, qui avait déjà immortalisé les fans locaux d’Elvis. Depuis 2015, la directrice artistique et la photographe travaillent ensemble avec la communauté locale. La série It’s Called Ffasiwn est donc le résultat de trois années de collaboration entre les deux artistes, mais aussi avec les enfants des Valleys. Un projet très passionnant” pour Martin Parr, qui les expose en ce moment dans sa fondation à Bristol.

“It’s Called Fashion (Look it Up)”, Merthyr Tydfil, 2016. (© Clémentine Schneidermann/Charlotte James/Martin Parr Foundation)

Depuis 2015, Charlotte James organise ainsi des ateliers avec les centres pour jeunes. Les 8-14 ans y apprennent à customiser leurs habits, à coudre, à styliser une tenue. Ils reçoivent même parfois la visite de designers professionnels. La directrice artistique, qui a déjà travaillé avec Helmut Lang ou Stella McCartney, tente ainsi de sensibiliser ces enfants aux domaines créatifs et artistiques, de leur offrir un moyen de s’exprimer et de prendre confiance en eux. L’artiste galloise cherche des habits sur eBay, dans les fripes locales et choisit les couleurs selon les saisons : rouge pour la Saint-Valentin, jaune pour l’été, noir pour Halloween, détaille-t-elle à Vogue.

Renverser les stéréotypes sur la région

Les enfants déguisés en veuves noires et robes en dentelle ou vêtus de fourrure verte prennent alors d’assaut les ruelles de leurs villes, les clubs d’ouvriers, les collines alentour. Et Clémentine Schneidermann les prend en photo.

Les couleurs vives et les formes excentriques des vêtements contrastent avec les tons sombres de la région galloise. Le résultat est captivant. Les enfants posent, galvanisés par la beauté de leur tenue, et redonnent sa splendeur à une région éraflée par l’histoire.

“Demi, Bryn Farm”, 2018. (© Clémentine Schneidermann/Charlotte James/Martin Parr Foundation)

La série mêle les genres et se situe entre le documentaire social, le portrait, la performance et la photo de mode. Son titre, survenu lors du premier atelier, joue avec humour sur ce côté hybride. “Les filles étaient dehors, habillées avec leurs costumes et les garçons dans le quartier les insultaient. Au lieu de se laisser déstabiliser, les filles ont répondu en criant : ‘Ça s’appelle la mode [“it’s called fashion”, en anglais, ndlr], renseignez-vous !'”

“Fashion” a été remplacé par sa traduction galloise “Ffasiwn”. C’est d’ailleurs pour renverser ces stéréotypes que les deux collaboratrices ont lancé ce projet, comme elles l’expliquent : Les photos montrent que même si les Valleys portent la marque du temps, elles n’enlèvent pas la vie et l’espoir d’une nouvelle génération. Le projet en est la célébration.”

“Valentine Disco Party, Gurnos Social Club”, 2018. (© Clémentine Schneidermann/Charlotte James/Martin Parr Foundation)

“Last Days of Summer, Blaenavon”, 2018. (© Clémentine Schneidermann/Charlotte James/Martin Parr Foundation)

“Nia (Valentine Disco Party), Gurnos”, 2018. (© Clémentine Schneidermann/Charlotte James/Martin Parr Foundation)

Spring, Gurnos, 2017. (© Clémentine Schneidermann/Charlotte James/Martin Parr Foundation)

“It’s Called Ffaswin”, une exposition de Clémentine Schneidermann et Charlotte James, à voir à la Fondation Martin Parr (Bristol) jusqu’au 25 mai 2019.