Rencontre : Beng, le photographe qui transforme sa “petite voix” en œuvres d’art

Rencontre : Beng, le photographe qui transforme sa “petite voix” en œuvres d’art

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Par Lise Lanot

Publié le

Faire de sa sensibilité une force.

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“Intermissions”. (© Beng)

À 24 ans, Beng n’a pas peur d’explorer sa psyché pour créer des œuvres délirantes qu’il laisse libres à l’interprétation de chacun. Depuis Singapour, il a répondu à quelques-unes de nos questions et nous a expliqué comment les turbulences de ses émotions lui permettaient de créer des images fortes et très variées.

Cheese | Bonjour Beng, est-ce que tu pourrais nous en dire un peu plus sur la genèse de ta série Intermission ?

Beng | J’ai eu l’idée de ce projet à un moment où je me sentais vraiment dépassé par la rapidité avec laquelle la vie filait. J’avais besoin d’un moment pour réfléchir et me poser, d’où le nom de la série Intermission.

L’origine de tout ça, c’est que je venais de commencer mon premier emploi à temps plein et j’avais des inquiétudes, des doutes et des peurs concernant à peu près tout. J’ai donc commencé ce projet introspectif sur l’amour-propre et sur cette voix qu’on a tous dans notre tête et qui nous répète qu’on n’est jamais assez bien.

Comment tu t’es mis à la photo et à la création artistique en général ?

Quand j’étais petit, j’étais toujours en train de dessiner. Je n’étais pas un grand lecteur mais j’aimais beaucoup regarder les images dans les livres d’histoire. Je pense que ce qui me plaisait, c’était la façon dont les photos et les images me racontaient des histoires et me procuraient différentes émotions. Puis, je suis tombé sur de magnifiques images de Veruschka, publiées dans Vogue, que je regardais sur Internet. J’ai fini par devenir complètement obsédé par la photo de mode parce que tout le monde était tellement glamour sur ces images…

Mais, même à ce moment-là, je ne me voyais pas devenir photographe parce que je ne voyais que les aspects techniques nécessaires à la pratique et ça n’a jamais été mon fort. Mais le fait de raconter une histoire et de transmettre des sentiments grâce à une image, c’était tout ce que j’avais toujours aimé dans la photo et tout ce à quoi je voulais parvenir avec mon travail.

Qu’est-ce qui t’inspire ?

Les gens créatifs et intéressants qui n’ont pas peur de vivre leurs propres vérités m’inspirent énormément. Les gens qui ont une voix, un message, une histoire à raconter m’inspirent aussi.

“Intermissions”. (© Beng)

Qu’est-ce qui alimente ta créativité ?

J’ai toujours un million d’idées qui me passent par la tête. Je rêve trop, je ressens trop d’émotions, donc la majorité de mon travail vient d’une pensée que j’ai eue ou d’une émotion que j’ai ressentie.

Je trouve qu’il y a vraiment une mauvaise connotation, une sorte de stigmate, qui accompagne le fait d’être sensible, surtout pour les garçons. C’est presque vu comme un signe de faiblesse. C’est pour ça que les gens ne se permettent pas assez de ressentir et de réfléchir sur les choses de la vie. Mes images proviennent d’un travail d’introspection et je pense que c’est important pour tout le monde, notamment pour les gens créatifs, de “mariner” dans leurs émotions et de prendre du temps pour eux.

Ça te plaît de jouer avec le surréalisme ?

La photo a toujours eu à voir avec la transmission d’un message, d’une émotion ou d’une histoire. J’aime les œuvres qui restent ouvertes, qui laissent des questions sans réponse. J’aime ajouter des touches d’humour dans mon travail. Une dose de mystère et d’énigmes est toujours bonne à prendre pour un photographe.

Certaines personnes trouvent mon travail romantique, tandis que d’autres le trouvent sombre et tordu. C’est super, parce que j’aime à croire que mes images reflètent ma vie et mes émotions, et rien ne devrait être unidimensionnel.

Tu parles de cette “petite voix qui nous répète qu’on n’est jamais assez bien”. Tu penses qu’elle peut aussi avoir des bons côtés ?

On traverse tous des hauts et des bas, mais je pense que le plus important, c’est surtout de se rendre compte que cette voix ne partira jamais. Elle sera là pendant les meilleurs jours et, évidemment, pendant les pires. Donc, une fois que cette voix de “saboteur interne” est reconnue, c’est plus facile de ne pas l’écouter, de la surmonter et de vivre sa meilleure vie.

“Intermissions”. (© Beng)

“Intermissions”. (© Beng)

“Intermissions”. (© Beng)

“Intermissions”. (© Beng)

“Intermissions”. (© Beng)

Vous pouvez retrouver le travail de Beng sur son site et sur son compte Instagram.