Ces créatrices de start-up ont répondu parfaitement à la photo sexiste de Capital

Ces créatrices de start-up ont répondu parfaitement à la photo sexiste de Capital

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Par Mélissa Perraudeau

Publié le

Après un article du magazine Capital à la gloire des start-up françaises illustré avec une photo 100 % masculine, des start-uppeuses ont riposté pour dénoncer l’invisibilisation dont elles sont victimes dans les médias.

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Fin août, le magazine Capital publiait un article intitulé “Nos start-up sont enfin prêtes à jouer dans la cour des grands”. En illustration, une photo d’entrepreneurs présentés comme les “pépites de la tech” à la française. Que des hommes blancs en chemise blanche et jean bleu foncé, sur une terrasse avec la tour Eiffel en fond.

Comme Challenges le rapporte, le cliché a indigné nombre de start-uppeuses, à commencer par Delphine Rémy-Boutang, fondatrice de l’agence digitale The Bureau et de la Journée de la femme digitale (JFD). Elle a décidé de contre-attaquer en organisant une séance photo avec cette fois uniquement des femmes. Le cliché reprend les mêmes codes que l’original : treize créatrices de start-up posent en chemise blanche et en jean, avec la tour Eiffel en fond. Si toutes les femmes sur la photo sont blanches, elle a tout de même le mérite de rendre une certaine justice à l’entreprenariat au féminin et de montrer une autre image du prestige entrepreneurial à la française.

Un milieu majoritairement masculin, mais dont les femmes ne sont pas absentes

Parce que oui, l’entreprenariat français se conjugue également au féminin, même si les hommes sont majoritaires dans le domaine. En mars dernier, La Tribune rapportait qu’en 2016, selon un baromètre réalisé par l’association StartHer avec le cabinet d’audit KPMG, les start-up dirigées par des femmes n’avaient levé que 7 % du montant total annuel et 13 % des levées de fonds. Et que seulement 8 % des start-up françaises étaient créées ou dirigées par des femmes, un chiffre d’ailleurs en baisse.

Pourtant, les femmes sont présentes dans le domaine. En témoigne Station F, le plus grand campus de start-up au monde basé à Paris, et dont 40 % des apprenti-e-s entrepreneur-e-s sont des femmes. Plusieurs associations s’attachent d’ailleurs à encourager et accompagner les femmes dans l’entreprenariat, comme l’incubateur Paris Pionnières ou StartHer.

Et des femmes sont derrière de grands succès entrepreneuriaux, comme la photo de Delphine Rémy-Boutang l’atteste : on y voit notamment Fany Pechiodat, ​la cofondatrice de MyLittleParis​, Claude Terosier, la fondatrice de Magic Makers, Caroline Ramade, la directrice de Paris Pionnières, ou encore Sergine Dupuy, la fondatrice de RedPill. Les cheffes d’entreprise ne manquaient donc pas pour poser pour Capital.

Précisons que pour parler de Vestiaire Collective, l’article n’a mentionné et photographié que l’un de ses cofondateurs, Sébastien Fabre. L’entreprise a pourtant été fondée par six personnes en tout, dont deux femmes. Pourquoi ne pas avoir mis en avant Fanny Moizant ou Sophie Hersan pour introduire un semblant de parité ?

De l’importance considérable des représentations

Car cette visibilité des femmes n’est pas anodine. Les représentations comptent, comme Audrey Soussa, auteure du baromètre relayé par La Tribune et investisseuse chez le fonds Ventech, le soulignait auprès du site : “Les biais sont aussi forts pour les investisseurs hommes que pour les femmes : on a tendance à investir dans des profils qui nous ressemblent.” D’où l’importance de ne pas invisibiliser les créatrices de start-up et de faire attention à toujours inclure les femmes dans les représentations. Car le sexisme se porte très bien dans le milieu : dernièrement, on apprenait par exemple que deux cheffes d’entreprise américaines avaient inventé un cofondateur à leur start-up pour être enfin prises au sérieux.

Delphine Rémy-Boutang a bien insisté auprès de Challenges sur l’importance de montrer des strat-uppeuses, avertissant : “Si l’on continue à ne montrer que des rôles modèles masculins, on n’aura aucune chance d’augmenter la part des femmes.” Avant de conclure : “Il faut faire de la discrimination positive pour atteindre l’équilibre hommes-femmes”.

Ce mercredi 6 septembre, elle inaugure justement un espace de networking pour les femmes à Paris, le JFD Connect Club, en présence de Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’égalité hommes-femmes. Une façon d’aider au maximum les femmes qui désirent créer leur start-up puisque, selon elle, “dans la vraie vie, les choses se font par des rencontres et des recommandations”. Et pour pousser le symbole jusqu’au bout, elle invite les participantes à s’y rendre en chemise blanche, histoire de signifier une nouvelle fois qu’elles comptent au moins autant que les hommes entrepreneurs.