Entre peinture et collages, Rosanna Jones torture ses photos (et c’est très beau)

Entre peinture et collages, Rosanna Jones torture ses photos (et c’est très beau)

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Par Joséphine Faisant

Publié le

Rosanna Jones, photographe de mode spécialisée dans les portraits, crée des images à l’esthétique explosive et torturée. Elle photographie ses sujets pour ensuite les découper, les déchirer, les coller, les brûler, ou parfois les peindre.

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C’est dans une famille très ouverte aux élans artistiques, vivant dans la banlieue de Londres, que Rosanna Jones a grandi. Enfant, elle se passionnait déjà pour la création d’images, la peinture et le dessin puis, à 14 ans, elle découvre la photographie. Elle n’a alors renoncé à aucune de ses passions en mélangeant arts plastiques et photographie.

Une manipulation thérapeutique

Ses compositions réconcilient ses pulsions destructrices avec sa créativité. Les images de Rosanna Jones n’ont rien de sombre ni de torturé mais semblent en revanche transcender des humeurs qui l’ont été :

“Je ne suis pas intéressée par la reproduction parfaite de l’idée préconçue de la beauté occidentale selon les standards actuels. J’aime redéfinir la beauté d’une image en la dégradant, la détruisant pour la reconstruire sur de nouvelles fondations.”

Elle nous confie que le procédé est devenu grandement thérapeutique” pour elle. Ses créations reflètent sa vie personnelle, et il y a une puissante connexion entre sa série Destroy et la relation qu’elle entretenait à ce moment-là avec son corps et son esprit. C’est une thématique qui est très présente dans son travail.

Elle a débuté cette série à 17 ans, à l’école, lorsqu’on lui a demandé d’effectuer un projet sur la distorsion visuelle. En fait, Destroy n’a jamais trouvé de fin, comme une inépuisable source d’inspiration. Elle souhaite réaliser un ouvrage réunissant l’ensemble de ses créations depuis son adolescence jusqu’à aujourd’hui.

De Francis Bacon à Rik Garrett en passant par Ashkan Honarvar et Emilio Villalba, les sources d’inspiration de Rosanna Jones sont variées, tout comme le sont ses techniques pour créer ses images délicatement tourmentées. Elle procède à différents types de transformation sur ses tirages, selon ses questionnements du moment.

La série Skin par exemple, dans laquelle elle métamorphose ses portraits en peignant dessus jusqu’à ce qu’ils deviennent méconnaissables. Lorsqu’elle peignait sur ses sujets à cet instant précis, elle était habitée par l’idée de dissimulation. Un questionnement particulièrement présent et pesant dans sa carrière en tant que photographe de mode, où dissimuler les imperfections fait partie intégrante du métier.

Ainsi, la jeune photographe n’hésite pas à mêler multiples techniques visuelles, numériques ou manuelles tout en laissant une grande place à la spontanéité et aux surprises accidentelles. Ce qui la stimule, c’est de communiquer une forme de mystère à travers ses images, une nébuleuse assez épaisse pour laisser les interprétations les plus insolites et inattendues s’échapper. Rosanna Jones se laisse guider par ses émotions pour nourrir son besoin thérapeutique de mêler beauté et profondeur métaphysique.

Vous pouvez suivre le travail de Rosanna Jones sur son compte Instagram.