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Rencontre : Antonin Charbouillot nous raconte son périple de 500 km en canoë au Canada

Rencontre : Antonin Charbouillot nous raconte son périple de 500 km en canoë au Canada

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© Antonin Charbouillot

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Par Lisa Miquet

Publié le

Parti à la rencontre des ours sur un canoë dans le Grand Nord canadien, Antonin Charbouillot est revenu avec des images épatantes et de nombreuses anecdotes.

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À seulement 25 ans, Antonin Charbouillot vit une vie d’aventurier. De la Laponie au Canada en passant la Norvège, le photographe a déjà photographié le grand froid à plusieurs reprises. Nous avons eu l’occasion d’échanger avec lui, pour qu’il nous raconte son expédition dans le Grand Nord canadien, dans la région du Yukon.

Cheese | Peux-tu nous parler de ton parcours ? Comment en es-tu venu à faire de la photographie ?

Antonin Charbouillot | J’ai débuté la photographie à Madagascar en 2014. J’ai fait mes études en BTS gestion et protection de la nature. Je devais alors faire un stage de 3 mois. Je n’avais jamais voyagé de ma vie et j’ai sauté le pas en joignant une association de protection des forêts tropicales à Madagascar. Ceci fut ma première expérience dans une forêt primaire, loin de toute civilisation. C’était l’élément déclencheur pour la suite…

Après mon BTS j’ai arrêté les études pour me consacrer exclusivement à la photographie en enchaînant les petits jobs à côté pour joindre les deux bouts. Aujourd’hui, je suis photographe et aventurier. Mes reportages photo se déroulent exclusivement dans des pays nordiques et dans des lieux reculés de la planète. Le thème que j’aborde principalement dans mes reportages concerne la relation entre l’homme et la nature.

Qu’es-tu parti faire au Canada ?

Je suis parti accompagné du réalisateur Lionel Prado pour réaliser une aventure qui était un rêve de gosse : descendre une rivière sauvage en canoë en totale autonomie durant 500 km. Déposés dans les montagnes en hydravion avec notre canoë, nous avons dû rejoindre un village au-delà du cercle arctique pour retrouver les premiers contacts humains. Personnellement, je me sens minuscule face à ces immensités. Ça nous remet à notre place et j’aime ce sentiment. On était bercés par le film Into the Wild avec cette envie d’être vraiment seuls dans des lieux retirés du monde.

Deuxièmement, notre but était d’être autonome en nourriture durant toute l’aventure. Nous avons ramassé des champignons, des baies et pêché du poisson. À côté, nous avions uniquement du riz et quelques légumes. Cette aventure avait aussi et surtout un objectif artistique : je voulais créer une série de photographies sur cette immersion unique. Je suis très inspiré lorsque je suis loin de tout.

Pourquoi cette destination en particulier ?

En fait, particulièrement la région du Yukon, car elle touche l’Alaska. C’est un territoire très sauvage. Il y a vraiment peu de monde et le lieu est immense. C’était l’endroit parfait pour entreprendre notre périple.

Qu’est-ce qui t’a donné l’idée de faire ce périple en canoë ?

Aucune idée… Mais j’avais cette envie depuis un moment. Je suis du genre à avoir constamment des projets assez fous en tête. Celui-ci, je l’avais depuis plusieurs années, mais il me manquait un partenaire. Lionel a été la bonne personne pour l’aventure. Nous sommes tous les deux très adaptables.

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué durant ce voyage ?

Probablement notre changement de comportement du fait d’être sur un territoire d’ours. Quand on évolue sur ce territoire, des instincts primitifs renaissent en nous. Pour la première fois, nous partageons le territoire avec un prédateur plus imposant que nous. L’ouïe et la vision s’affinent, l’attention et la concentration aussi. C’est lui le maître des lieux. Dans nos duvets la nuit, le moindre craquement, murmure ou bruit de pas nous sort de notre sommeil. Nous arrêtons de respirer pour quelques secondes, attentifs. Tous les sens sont en éveil.

Une anecdote mémorable à nous raconter ?

Une rencontre seul à seul avec le grizzly : alors que je sortais de la tente pour rejoindre la rivière, une masse sombre a émergé de la forêt, un énorme grizzly venait dans ma direction. Mon pouls s’est accéléré instantanément, mes jambes s’entrechoquaient… J’ai tenté de garder mon calme, je commençais à reculer, j’attendais sa réaction. Je n’avais aucun moyen de défense. Les ours sont imprévisibles, aucune rencontre ne se ressemble. Au bout de quelques secondes, il m’a toisé tranquillement avant de prendre une autre direction.

Avec quoi est-ce que tu as shooté ?

Je shoote avec mon Canon 5D MK2 et le drone Mavic Pro de DJI.

Est-ce que ça a été compliqué pour ton matériel photo ?

Oui, assez difficile… Nous nous nous sommes retournés violemment avec le canoë après seulement 3 jours et j’ai noyé l’un de mes objectifs… Les risques du métier. Je serais plus vigilant la prochaine fois.

Quels sont tes projets pour la suite ?

Je n’évoque jamais mes destinations ni mes projets à l’avance. La suite s’annonce passionnante !

Vous pouvez retrouver le travail d’Antonin Charbouillot sur son site personnel et son compte Instagram.