FKA Twigs crée un clone pour parler à ses fans et en profite pour alerter sur les dérives de l’IA

Intelligence artificielle

FKA Twigs crée un clone pour parler à ses fans et en profite pour alerter sur les dérives de l’IA

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© Getty/Shannon Finney

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Par Flavio Sillitti

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Devant le Congrès américain, la chanteuse britannique a tiré la sonnette d’alarme autour des "deepfakes" non autorisés qui vulnérabilisent les artistes.

S’il y a bien le mot “art” dans “intelligence artificielle”, ça ne veut pas dire pour autant que les deux font forcément bon ménage. Ces dernières années, les “miracles” de la tech ont déjà apporté sur nos feeds connectés des “deepfakes” improbables, ont fait chanter du Gazo à Angèle et ont même ramené Tupac d’entre les morts pour le faire chanter sur le dernier pétard mouillé de Drake. La chanteuse FKA Twigs, de peur de se retrouver victime de ces “deepfakes” pernicieux, a misé sur une solution radicale : créer elle-même son clone digitalisé.

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En effet, Tahliah Debrett Barnett de son vrai nom a révélé devant le Congrès américain qu’elle avait fait appel à l’intelligence artificielle pour créer une imitation d’elle-même, espèce de clone digital qui interagira avec les fans et les journalistes afin qu’elle puisse se concentrer uniquement sur sa musique. C’est assez drôle quand on sait que son intervention au Congrès s’inscrit en réalité dans le cadre d’une sous-commission judiciaire du Sénat américain articulée autour de l’encadrement des dérives liées à l’intelligence artificielle. Pour l’artiste, il n’est pas question de bannir l’IA, mais bien d’apprendre aux artistes comment s’en servir.

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“Au cours de l’année écoulée, j’ai développé une fausse version de moi-même qui est non seulement formée à ma personnalité, mais qui peut également utiliser le ton exact de ma voix pour parler de nombreuses langues”, a déclaré la chanteuse. “Ces technologies et d’autres similaires sont des outils extrêmement précieux. Cependant, tout cela est sous mon contrôle et je peux accorder ou refuser mon consentement d’une manière qui soit significative.”

Son clone digitalisé, qui reste une vraie révolution dans le monde de la musique (et au-delà), est surtout une manière pour elle de souligner que c’est lorsque ces mêmes outils sont utilisés sans autorisation de l’artiste que cela pose problème : “Ce qui est inacceptable, c’est que mon art et mon identité puissent être simplement pris par un tiers et exploités faussement à son profit sans mon consentement, en l’absence d’un contrôle législatif approprié.”

“Maintenant, avant qu’il ne soit trop tard”

En s’adressant au Congrès, FKA Twigs a insisté sur la mise en place d’un cadre légal clair autour de cette question : “Il est vital qu’en tant qu’industrie et législateurs, nous travaillions ensemble pour nous assurer que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger nos droits créatifs et intellectuels ainsi que la base même de ce que nous sommes. Nous devons faire ce qu’il faut. Vous devez faire ce qu’il faut. Maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.”

En avril dernier, plus de 200 artistes du monde entier, incluant Nicki Minaj, Billie Eilish et Katy Perry, ont signé une lettre ouverte exigeant plus de sécurité et de contrôle sur les usages de l’IA dans le secteur musical. “Nous demandons à toutes les plateformes de musique numérique et à tous les services musicaux de s’engager à ne pas développer ou déployer de technologies, de contenus ou d’outils de génération de musique par l’IA qui sapent ou remplacent l’art humain des auteurs-compositeurs et des artistes, ou qui nous privent d’une juste rémunération pour notre travail”, martèle le fameux communiqué.